LA FRANCE PITTORESQUE
Un peuple qui se confie à
des médiocres se suicide
(Éditorial du 10 juin 2008 paru dans le N° 27 de
La France pittoresque - juillet/août/septembre 2008)
Publié le dimanche 4 décembre 2011, par Redaction
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Dénonçant dans La Cité moderne (1895) l’ostracisme des élites pour la foule, d’où résulta la destruction des Cités gréco-latine et gallo-romaine respectivement par le christianisme et la Révolution, le futur professeur au Collège de France Jean Izoulet s’interroge sur les moyens d’ « équilibrer justement l’Élite et la Foule » afin de prévenir l’effondrement des démocraties européennes.

N° 27 de La France pittoresque (juillet/août/septembre 2008)

N° 27 de La France pittoresque (juillet/août/septembre 2008)

Y parvenir implique selon lui le rétablissement de l’exacte définition du mot « égalité », dévoyée par certains depuis une Révolution française qui n’a pourtant rien d’égalitaire ni de niveleuse, à en juger par l’article VI de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Tous les citoyens (...) sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ». Ainsi, « les hommes diffèrent par les talents et par les vertus, c’est-à-dire par les qualités intellectuelles et par les qualités morales, c’est-à-dire par l’esprit et par le cœur ou le caractère. A cela près, ils sont égaux ! » souligne Izoulet pour qui « l’égal respect des inégales personnes » est aussi légitime que la sélection, préconisée et organisée par la Révolution mais faussée par l’élite gouvernante du XVIIIe siècle devenue, en partie, une « fausse » élite, entraînant son renversement au cri emblématique de « A bas l’aristocratie ! »

Si s’insurger contre une fausse aristocratie mettant scandaleusement et funestement, à la tête du gouvernement d’un peuple, des indignes en lieu et place des dignes, lui semble pleinement fondé, scander « à bas toute aristocratie, à bas toute Élite, à bas toute supériorité de talent et de vertu » est fou et sacrilège, car revient à « blasphémer la raison et la Révolution, la philosophie politique et la Déclaration des Droits qui met au sommet de l’Etat (...) les mieux doués d’entre tous leurs concitoyens, en un mot les meilleurs de la nation (aristoï) ».

Observant à regret que le sens des mots empreints d’une connotation élitiste tels aristocratie, autorité ou encore hiérarchie, a été abominablement perverti, il estime avec Poincaré que « la démocratie ne saurait, sans se condamner à la décadence, jalouser les Élites qui se recrutent exclusivement par le mérite et le travail ». L’inintelligence des chefs entraînant sourdement et inéluctablement la ruine morale ou financière d’un pays, « un peuple qui se confie à des médiocres se suicide »...

Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque

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