LA FRANCE PITTORESQUE
Elucubrations journalistiques
démenties par l’Histoire
(Éditorial du 6 mars 2006 paru dans le N° 18 de
La France pittoresque - avril/mai/juin 2006)
Publié le dimanche 4 décembre 2011, par Redaction
Imprimer cet article

Pétrie de frêles sondages d’opinion habilement martelés, l’idée d’un renouveau politique incarné par la simple accession de la gent féminine au pouvoir suprême n’est-elle pas non seulement simpliste, mais encore peu flatteuse à l’égard d’une Présidente en qui les Français ne verraient qu’un remède « de bonne fame » à la mâle incurie dirigeante ?

N° 18 de La France pittoresque (avril/mai/juin 2006)

N° 18 de La France pittoresque
(avril/mai/juin 2006)

Gros de la vacuité du discours des prétendants au trône républicain, ce réducteur cheval de bataille par certains lestement enfourché, éclipse en effet dangereusement l’approche visionnaire de la gestion d’un pays, dans laquelle ne devrait pas entrer la moindre considération d’ordre génésique.

Néanmoins, dans une France sclérosée par l’inconscience de ses élites, ce prêche doucereux pourrait aller son chemin et camper une lutte électorale sur fond de guerre des sexes, écœurant fruit démagogique prospérant sur une mémoire historique déficiente, oublieuse, à dessein peut-être, d’emblématiques figures féminines ayant depuis longtemps affronté les affres de l’exécutif. Quid de la primeur annoncée d’une femme au pouvoir, élucubration journalistique ruinée par l’évocation, entre autres, de la reine mérovingienne Bathilde qui déjà en 657, prit à la mort de son époux la régence du royaume des Francs pourtant dominé par la loi salique, sans que personne songeât à la lui disputer ?

Forte de son ascendant sur les leudes et le peuple, elle maintint la paix dans un pays enclin aux luttes intestines, racheta tous les enfants que leurs mères avaient mis en esclavage, et promulgua une loi prohibant le commerce d’esclaves, avant de s’ensevelir dans un cloître et d’être canonisée. Comment aussi escamoter le règne, cette fois ténébreux, d’une Catherine de Médicis qui luttant contre les guerres de religion, exerça cependant comme « gouvernante de France » un ascendant tyrannique sur ses fils ? Présidant les Conseils, elle eut alors la haute main sur la politique intérieure et extérieure, excitant les partis les uns contre les autres pour les affaiblir ou cherchant le compromis, et joua un rôle majeur dans le massacre de la Saint-Barthélemy.

Devant une Histoire fleurie d’influences tant masculines que féminines, inepte apparaît la lénitive question de savoir si le pouvoir serait mieux ou non exercé de main de femme, à l’heure où seule importe la nécessité de trouver enfin l’être audacieux et capable qui saura relever le gant et supplanter les illusionnistes pour le bien-être du peuple...

Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE