LA FRANCE PITTORESQUE
Matraquage et indigence télévisuels
(Éditorial du 12 septembre 2005 paru dans le N° 16 de
La France pittoresque - octobre/novembre/décembre 2005)
Publié le dimanche 4 décembre 2011, par Redaction
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Fleurons de l’indigence télévisuelle, les animateurs producteurs confortablement installés dans les abysses du prosaïsme et abreuvant en programmes de société ou de divertissement les chaînes publiques financées par les libéralités républicaines, ont-ils mangé leur pain blanc ?

N° 16 de La France pittoresque (octobre/novembre/décembre 2005)

N° 16 de La France pittoresque
(octobre/novembre/décembre 2005)

De l’indigeste exposition d’olibrius présumés refléter le téléspectateur, et qui témoignent de leur existence falote voire sordide, aux discours emphatiques de pontifiants philosophes de salon, les carences culturelles de cette florissante industrie ne se comptent plus : une impertinence émoussée qui, jadis légendaire, tenait lieu de concept ; un défaut de pertinence grossièrement maquillé par des interviews licencieuses ; d’ennuyeuses opérations promotion, mettant en scène des artistes et politiciens trop souvent ostensiblement blasés. Difficile de ne pas y voir l’immense gâchis d’une invention révolutionnaire distillant son premier journal télévisé en 1949.

Comment ne pas fustiger une télévision publique qui loin de mettre à profit, comme devrait le lui intimer son statut, la période annuelle de relâche pour s’ouvrir à la création et aux nouveaux talents, laisse nos vampires du paysage audiovisuel prendre leurs quartiers d’été sitôt passés les derniers frimas de mai, et obscurcir le petit écran d’une compilation de leurs « meilleurs moments » ? Puisse la nouvelle tête pensante du service public enrayer cette misérable course à la rentabilité d’où ne peuvent sourdre qu’émissions sans caractère, visant à flatter les désirs inconscients d’un téléspectateur dont le cerveau se trouve ainsi plus réceptif au tonitruant matraquage publicitaire.

A l’heure où l’Histoire fait encore figure de parent pauvre de l’éducation, l’apprentissage par l’anecdote et l’insolite, permettant de côtoyer naturellement les mœurs et personnages clés d’une époque, n’incombe-t-il pas aux chaînes publiques ? Mêlant érudition et curiosité, distraction et réflexion, un tel programme, pittoresque, présenterait sans doute l’avantage de ne pas laisser croire à nos compatriotes que les seuls XIXe et XXe siècles ont enfanté neuf dixièmes des « cent plus grands Français de tous les temps »...

Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque

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