LA FRANCE PITTORESQUE
Envers et contre tous
les coups de semonce ?
(Éditorial du 8 juin 2005 paru dans le N° 15 de
La France pittoresque - juillet/août/septembre 2005)
Publié le dimanche 4 décembre 2011, par Redaction
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Pour s’être arc-boutées à un « modèle français » dont les relents méphitiques asphyxient le pays depuis plusieurs décennies, pour avoir privé la France de réformes salutaires déjà adoptées par tous les gouvernements occidentaux, pour avoir cautionné une construction européenne tendant à reléguer notre territoire au rang de simple région administrée par une arrogante oligarchie, droite et gauche autoproclamées « républicaines » depuis un certain 21 avril, payent aujourd’hui d’un cinglant désaveu le prix de la démobilisation et de l’absurde stigmatisation d’un attachement à la nation. Le vote des « ouistes » ne souligne peut-être pas moins ce discrédit : loin d’être aveuglés, ces derniers auraient-ils pragmatiquement aspiré à voir l’Europe, toute bureaucrate qu’elle fût, contraindre un pouvoir cacochyme à prendre enfin d’évidentes dispositions vitales ?


N° 15 de La France pittoresque
(juillet/août/septembre 2005)

Sans doute la révolte silencieuse du 29 mai, passant outre les sermons bien-pensants, les discours de compassion et les tentatives de culpabilisation, était-elle une pierre nécessaire à l’éviction d’une classe dirigeante forcenée, sourde aux préoccupations de son peuple, qui souvent s’en disculpe en s’abritant derrière la prépotence bruxelloise, mais vogue en réalité au gré du conservatisme syndical et de supposées pressions populaires attisées par les medias. Dans un dernier râle, dans une ultime gageure, le pouvoir exécutif s’époumonera-t-il en arguant du rejet référendaire pour justifier l’hypothétique incapacité de la France à donner de la voix au sein de l’Union Européenne ?

Souhaitons que la sanction se voulant un coup d’arrêt à l’hypocrisie politicienne porte ses fruits. Mais si elle autorise enfin l’homme sensé à murmurer l’expression « politique libérale » longtemps honnie ; à évoquer la notion d’immigration, en l’accolant toutefois prudemment au mot « choisie » ; à suggérer qu’un pays puisse concilier exigences des entreprises et protection de son peuple, grande sera la tentation de préserver un modèle économique et social pourtant défaillant et vacillant.

Pour un peu, ce pathétique entêtement rappellerait l’image d’un Louis XVI espérant vainement, le 20 juin 1792 aux Tuileries, conjurer l’orage en coiffant le bonnet phrygien, sous l’œil consterné d’un certain Bonaparte...

Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque

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