LA FRANCE PITTORESQUE
Le politicien fanfaron :
un coquin au palais élyséen ?
(Éditorial du 9 décembre 2003 paru dans le N° 9 de
La France pittoresque - janvier/février/mars 2004)
Publié le dimanche 4 décembre 2011, par Redaction
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Le politicien fanfaron serait-il en France une espèce en voie d’expansion ? L’âme corrompue à défaut d’être coruscante, ce pathétique acteur constamment en scène ne recule devant aucune surenchère démagogique à seule fin d’assouvir un appétit de pouvoir et de reconnaissance électorale. Il bénit la pusillanimité de responsables politiques rétifs soumettant toute prise urgente de décision à d’immanquables moratoires, commissions ou mises à plat. Il a beau jeu de tancer la mollesse de ces mêmes responsables éludant les véritables questions des Français pour leur imposer des réponses à d’artificielles attentes faisant diversion.

N° 9 de La France pittoresque (janvier/février/mars 2004)

N° 9 de La France pittoresque
(janvier/février/mars 2004)

Sorti de ses gesticulations médiatiques, ne serait-il pas le premier à légiférer en consultant uniquement des organismes dont le défaut de représentativité est enfin pointé du doigt ? Mais de cela notre tribun n’a cure : d’une indécence le disputant à l’impudence, il a depuis longtemps sacrifié sur l’autel du carriérisme, tant les aspirations d’un peuple dont il affecte de s’occuper du bien-être, que les amitiés vénales naguère nouées au sein même de sa ménagerie.

Polissant son image en poliçant opportunément son discours, il pourrait céder aux sirènes harcelantes du jeunisme et s’ériger en chantre d’une politique honnête et citoyenne. Et pourquoi diable cet éminemment habile et redoutable coquin ne caresserait-il pas le projet d’accéder au palais élyséen ? Pourquoi ne pas faire sienne l’une des plus somptueuses demeures du temps de Louis le Bien-Aimé, construite en 1718 pour le gouverneur de l’Ile-de-France, au lieu dit « les Gourdes » ?

Pour y parvenir il lui suffirait, tel une bête en maraude, la faconde en bandoulière, d’arpenter les jolies routes de France en prenant garde aux collecteurs automatiques d’un gouvernement martelant privilégier le dialogue à la répression... puis de suivre le chemin tracé par Quintus Cicéron voici plus de 2000 ans dans un traité d’une saisissante modernité : De petitione consulatus. Son manuel du candidat au suffrage populaire souligne l’importance du contact direct avec les électeurs, la façon de s’attacher leur gratitude ou encore la nécessité des promesses électorales.

Cette course est une gageure de taille, car prématurée et rendant pour l’heure illusoire l’obtention de l’incontournable blanc-seing des coryphées de son parti politique. Mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle, et les quelques postulants fardant bien mal leurs prétentions présidentielles ne l’aiguillonnent-ils pas déjà ? Au grand dam des Français, et au mépris le plus profond de leurs réelles préoccupations...

Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque

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