LA FRANCE PITTORESQUE
L’homme politique devenu
véritable animal de foire
(Éditorial du 10 septembre 2003 paru dans le N° 8 de
La France pittoresque - octobre/novembre/décembre 2003)
Publié le dimanche 4 décembre 2011, par Redaction
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Comment boire encore naïvement les paroles de fantoches politiques claironnant impudemment et sans relâche leur détermination à apporter des réponses aux préoccupations quotidiennes d’une « France d’en bas » ? Entre de doctes bonimenteurs gouvernementaux sur le point de renoncer à la profonde réforme administrative et sociale inscrite dans leur ambitieux programme électoral, et une opposition hargneuse affirmant réfléchir à des solutions de redressement économique du pays, la vacuité et le caractère mensonger du discours politique font rage. Ne manquant pas de s’y engouffrer, quelques organisations crient aujourd’hui haro sur une mondialisation menaçante née avec l’ère industrielle, et dont les premiers stigmates apparurent lors de la crise économique de 1873 : un réveil aussi feint que tardif ?...

N° 8 de La France pittoresque (octobre/novembre/décembre 2003)

N° 8 de La France pittoresque
(octobre/novembre/décembre 2003)

Au sein de ce macabre ballet, fruit d’une pernicieuse orchestration médiatique favorisant les harangues politiciennes au détriment de débats étayés, les hommes justes n’appartenant à aucun appareil de parti n’ont pas leur place et sont bâillonnés. Si l’homme d’Aristote était par nature un animal politique, l’homme politique s’apparente désormais à un véritable animal de foire dont les frais de représentation sont en partie subventionnés par une redevance audiovisuelle que les Français eux-mêmes, artisans de ce « démarchage à domicile », financent.

Vaticinant au sein de débats télévisés taillés sur mesure, le mystificateur balaye benoîtement d’un revers de rhétorique les doléances des quelques spécialistes autorisés à ébrécher un soliloque pétri d’arguties. Bien décidé à rompre la glace l’isolant de ses chers concitoyens, le fripon sacrifie parfois quelques pans de sa vie privée au diktat d’une popularité qu’il espère accroître en s’affichant, dans des émissions bon enfant, aux côtés de vedettes du petit écran. Quant au plus audacieux, il pousse témérité et culte de la proximité jusqu’à s’exhiber sur des plateaux animés par d’aguerris provocateurs s’autorisant toutes les privautés, accréditant l’idée néfaste d’une nécessaire légèreté de la politique.

Perverti, cet ardent gardien de la République, ou se prétendant tel, répugne à libérer ce discours convenu en croisant le fer avec de solides adversaires, car il se condamnerait rapidement, contraint de s’effacer devant quelque visionnaire sincère et authentique, plus apte que lui à gouverner une France naguère si rayonnante, novatrice et respectée. Faut-il y voir une certaine forme de totalitarisme ?...

Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque

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