LA FRANCE PITTORESQUE
Faire la barbe à quelqu’un
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Publié le vendredi 24 février 2023, par Redaction
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Le braver et se moquer de lui, lui faire affront ou l’effacer par son talent et son esprit
 

On fait allusion dans ce proverbe à un homme à qui l’on fait la barbe et qui se trouve momentanément à la merci de celui qui le rase. On sait combien les Orientaux tiennent à leur barbe ; il en fut de même autrefois en Europe. Chez les Francs était réputé infâme celui qui avait la barbe tout à fait coupée. Raser la tête et enlever la barbe étaient les premiers moyens employés pour constater la déchéance des rois. Plusieurs rois, sous les Mérovingiens, ont été ainsi dégradés et détrônés.

Si l’on voulait faire ici l’histoire de la barbe et de la coiffure, on pourrait dire, en s’appuyant sur les documents historiques que, depuis Clovis jusqu’à la fin du XIIe, on laissa croître toute la barbe. Puis, pendant environ quatre siècles, ce furent les cheveux qu’on porta longs. Sous Saint-Louis (XIIIe siècle) se forma la corporation des barbiers. Philippe de Valois remit en honneur le port de la barbe ; sous son règne on poussa le luxe jusqu’à la parfumer et à l’orner de paillettes d’or ou de glands dorés.

Sous François Ier, on porta les cheveux ras, mais on sentait à ce point la valeur de la barbe que l’on vendait le droit de la porter. Henri III fit couper sa barbe et il trouva beaucoup d’imitateurs qui s’empressèrent d’en faire autant. Sous Henri IV, on laissa la barbe repousser ; la coupe n’était pas uniforme, chacun la portait selon sa convenance. La barbe eut alors autant de prix que l’or et les diamants : on pouvait se procurer de l’argent en empruntant sur sa barbe et sur ses moustaches.

Comme on a pu le comprendre c’était autrefois adresser un grande injure à un peuple libre que de lui parler de raser sa barbe contre sa volonté. En Allemagne surtout, il était même défendu de se raser sous certaines peines, excessivement sévères. Cette coutume était si bien entrée dans les mœurs d’alors que, sous Charlemagne, voici comment on faisait un serment : « Je jure par saint Denis et par cette barbe qui me pend au menton. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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