LA FRANCE PITTORESQUE
Croquer le marmot
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Publié le vendredi 17 février 2023, par Redaction
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C’est attendre fort longtemps
 

Du temps de la féodalité, lorsqu’un vassal allait rendre hommage à son seigneur, il devait, en l’absence de celui-ci, réciter à sa porte, comme il l’eût fait en sa présence, les formules de l’hommage et baiser à plusieurs reprises le verrou, la serrure ou le heurtoir appelé marmot à cause de la figure pittoresque qui y était ordinairement représentée (le mot marmot est le nom qu’on donnait aussi aux petits singes comme aux petits garçons, d’où l’expression marmotter, pour parler d’une façon inintelligible entre ses dents).

Un heurtoir

Un heurtoir

En marmottant ces formules il semblait murmurer de dépit et, en baisant le marmot, il avait l’air de vouloir le dévorer ou le croquer. Ce qui est d’autant plus exact, c’est que l’on dit bien encore : Manger de baisers un petit enfant pour l’accabler de caresses. Les Italiens disent : Mangiare i catenacci, ce qui signifie manger les cadenas ou les verrous, expression qui confirme la justesse de ce qui vient d’être dit. De marmous, qui en bas breton, est synonyme de marmot, on a fait le diminutif marmouset, puis, par aphérèse, mouset. Les Gascons disent : Croquer le mouset.

Cette expression devrait donc son origine à ce gros marteau de fer crénelé en forme de poignée qui était attaché à la porte principale de plusieurs antiques manoirs. Quand une personne avait longtemps attendu à la porte, elle pouvait dire : J’ai longtemps fait craquer le marmot ; de là on a pu dire, par altération ou par euphémisme, croquer le marmot.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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