LA FRANCE PITTORESQUE
Contentement passe richesse
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Publié le lundi 21 novembre 2011, par Redaction
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Peu de gens se croient véritablement heureux ; car chacun désire avoir plus qu’il n’a et n’est jamais content de ce qu’il possède
 

La vraie signification de ce proverbe est qu’il vaut mieux se contenter de son sort que de convoiter la richesse. On recherche les honneurs et l’opulence, parce qu’on les regarde comme les seules sources de bonheur : c’est une idée complètement fausse.

Effectivement, le bonheur ne consiste pas uniquement dans la fortune ou dans la possession de tout ce que l’on peut désirer, mais bien plutôt dans le contentement de ce que l’on a pour en jouir tranquillement. Tout le monde sait qu’après un premier désir satisfait, on ne s’arrête pas et que l’on s’empresse de courir après une autre satisfaction. Il en est de même pour les honneurs ; que de gens ne les ont-ils pas plutôt obtenus que la désillusion les prend et qu’ils ne trouvent, pas ce qu’ils cherchaient. De là, nouvelle course pour atteindre un but chimérique.

Prenons d’abord des exemples dans les poètes anciens ; voici quelques vers d’Horace, parfaitement en accord avec les idées qui viennent d’être émises :

Vivitur parvo bene
Nec leves somnos timor aut cupido
Sordidus aufert.

On vit bien (heureux) de peu et le sommeil léger n’est pas troublé par la crainte ou par les désirs honteux. Et ces autres vers du même auteur :

Fuge magna : licet sub paupere tecto
Reges et regum vita praecurrere amicos.

Fuis les grandeurs : il est possible d’être plus heureux sous un pauvre toit que les rois et les favoris des rois.

Voici la traduction des vers d’un autre auteur latin, appelé Martial, qui reflètent la même pensée : « Les conditions qui augmentent le bonheur de la vie, les voici : un champ fertile ; un foyer toujours allumé ; jamais de procès ; une âme tranquille ; un corps sain ; une prudente simplicité ; des amis parmi ses égaux ; une société aimable ; une table sans luxe ; une nuit sans ivresse, mais libre de soucis ; un sommeil qui rende la nuit plus courte ; vouloir rester tel qu’on est sans préférer autre chose, sans craindre le sommeil et sans désirer le jour. »

Les Latins possédaient encore ces deux maximes : Auro potior mens contenta, qui signifie : Une conscience satisfaite est bien préférable à l’or, et cet autre en vers : Pauertas cum laeta venit, ditissima res est, qui veut dire : La pauvreté que la joie accompagne est un riche trésor.

Passons maintenant des auteurs anciens aux auteurs modernes ; voici les vers de La Fontaine :

Heureux qui vit chez soi,
De régler ses désirs faisant tout son emploi.

Et ceux de Racine :

Heureux qui, satisfait de son humble fortune,
Vit dans l’état obscur où les dieux l’ont placé.

Terminons par ce vers de Voltaire : « Qui borne ses désirs est toujours assez riche. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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