LA FRANCE PITTORESQUE
Charbonnier est maître chez lui
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Publié le vendredi 15 décembre 2023, par Redaction
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L’homme le plus pauvre a le droit d’être le maître chez lui comme l’homme le plus riche
 

Ce proverbe, assez ancien, correspond avec celui des Latins, que voici : Gallus in suo sterquilinio plurimum potest, ce qui signifie : Le coq est le maître sur son fumier.

Un fait qui se passa au XVIe siècle, entre un charbonnier et le roi François Ier donna, dit-on, lieu à notre proverbe : « Ce prince, s’étant égaré à la chasse, trouva asile dans la hutte d’un charbonnier : c’était un soir d’hiver. Le mari était absent ; sa femme l’attendait accroupie près du feu. Le roi demanda un gîte pour la nuit et un souper. Il fallut attendre le mari, qui survint quelque temps après.

Le charbonnier reçoit de la visite
Le charbonnier reçoit de la visite. © Crédit illustration : Araghorn

« Le charbonnier, las de son travail, tout mouillé et très affamé, accueillit cordialement le prince qui s’était installé près du feu sur l’unique chaise du logis ; mais, ignorant la qualité de son hôte, il reprit immédiatement et sans façon le siège que celui-ci occupait ainsi que la place près du foyer en disant : Monsieur, je prends cette place parce que c’est celle où je me mets toujours et cette chaise, parce qu’elle est à moi.

Or, par droit et par raison ;
Chacun est maître en sa maison.

François Ier applaudit au proverbe et s’assit ailleurs sur un mauvais escabeau. On soupa et on parla des affaires du pays. Le charbonnier se plaignit des impôts ; il voulait qu’on les supprimât. Le prince eut de la peine à lui faire entendre raison. A peine convaincu de leur nécessité, le charbonnier se récria contre les défenses qui concernaient la chasse et, à propos de sa réclamation, montra à son hôte un morceau de sanglier, en disant : « En voici un qui en vaut bien un autre ; nous allons le manger, mais promettez-moi le secret ». Le prince, qui avait bon appétit, promit tout de suite ce que l’autre désirait ; puis, le repas fini, il se coucha sur un lit de feuillage et dormit fort bien.

Le lendemain il se fit connaître et permit la chasse au charbonnier qui lui avait donné l’hospitalité, laquelle, du reste, fut payée généreusement. Cette aventure est rapportée dans les Commentaires de Blaise de Montluc.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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