LA FRANCE PITTORESQUE
Ce qui vient de la flûte
s’en retourne au tambour
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Publié le lundi 21 novembre 2011, par Redaction
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L’argent mal acquis ou gagné trop aisément se dissipe avec une égale facilité
 

On pourrait, en se basant sur un proverbe grec se traduisant ainsi : Mener une vie de joueur de flûte, en conclure que le musicien est un dépensier, tandis que le tambour, formé d’une caisse, représenterait le banquier auquel, la plupart du temps, tout l’argent revient et souvent avec de gros bénéfices.

Au XVIIe siècle, on disait : Ce qui vient de la fleute s’en va au tabourin. En Normandie, l’on dit : Ce qui vient du flot s’en retourne d’èbe (èbe veut dire reflux et vient du bas latin ebba). Le chevalier Bayard (1476-1525) avait ex- primé une idée qui a quelque rapport avec le proverbe, lorsqu’il disait : Ce que le gantelet gagne le gorgerin (le gosier) le mange. Sous Louis XIII, on parlait ainsi à Paris : L’argent de fric s’en va de froc, autrement dit : Tout bien mal acquis et du côté gauche ne retourne jamais au côté droit.

Il existe un proverbe oriental où la même idée est ainsi exprimée : Le pain mal acquis remplit la bouche de gravier. En France, il y a un vieux proverbe ainsi conçu : Ce qui vient du flot s’en retourne de marée, ce qui revient à dire que ce que le flux amène est emporté par le reflux. Les Latins disaient : Salis onus unde venerat illuc abiit, par allusion au naufrage d’une cargaison de sel, substance formée d’eau de mer.

Comme corollaire de ce proverbe, on peut citer celui-ci : Bien mal acquis ne profite pas, mots qui reflètent la pensée de Cicéron : Male parta (sous-entendu bona) male dilabuntur. De tous ces exemples, pris un peu partout, on peut conclure que l’on ne tient, en général, qu’à ce que l’on a acquis avec peine et par le travail seul.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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