LA FRANCE PITTORESQUE
Aussitôt pris, aussitôt pendus
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Publié le vendredi 29 mai 2020, par Redaction
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Pour exprimer qu’une prompte décision a été prise au sujet de certaines personnes
 

Cette expression trouva sa parfaite illustration dans un événement historique survenu lors des guerres de Religion, qui vit l’exécution rapide de Brisson, Larcher et Tardif, tous les trois membres du Parlement et du Châtelet, le 15 novembre 1591.

Henri IV, proclamé roi par la majeure partie des seigneurs, avait un antagoniste implacable dans le duc de Mayenne. À la mort du roi Henri III survenue le 2 août 1589, le duc de Mayenne, s’était fait déclarer lieutenant-général du royaume, après avoir fait proclamer roi dans Paris, sous le nom de Charles X, le vieux cardinal de Bourbon — Charles Ier de Bourbon, cardinal de Vendôme, prince de sang de la maison de Bourbon et oncle du futur Henri IV alors protestant —, qui était toujours en prison, où il mourut le 9 mai 1590, dans l’espoir d’être bientôt son successeur.

Barnabé Brisson. Estampe du graveur Thomas de Leu (1555-1612)
Barnabé Brisson. Estampe du graveur Thomas de Leu (1555-1612)

Quelques écrivains ont dit que Charles de Bourbon avait accepté la couronne pour la faire perdre à Henri IV son neveu. Mais ce qui prouve le contraire, c’est que dans le temps même où il fut déclaré roi, il envoya de sa prison de Fontenay-le-Comte en Poitou, une lettre à Henri IV, dans laquelle il le reconnaissait pour son roi légitime.

Comme la victoire tourna le dos au duc de Mayenne toutes les fois que, quoique très supérieur en forces, il osa se mesurer avec Henri IV, il ne songea plus qu’à faire durer son autorité, en traversant l’élection du roi. La faction des Seize — ainsi nommée des seize quarteniers de Paris, qui marchaient toujours quatre à quatre, mais réduits au nombre des apôtres et habillés de même —, formée de bourgeois ligueurs de Paris appartenant à la Ligue catholique, voulant faire la loi au duc de Mayenne, proposa à Philippe II, le mariage de sa fille avec le jeune de Guise, promettant en ce cas de leur remettre la couronne.

Arrestation de Barnabé Brisson. Gravure allemande d'époque (colorisée ultérieurement) de Frans Hogenberg
Arrestation de Barnabé Brisson. Gravure allemande
d’époque (colorisée ultérieurement) de Frans Hogenberg

Sachant que Barnabé Brisson, président du parlement de Paris, Claude Larcher, conseiller au parlement, et Jean Tardif, conseiller au Châtelet, n’étaient pas de cette opinion et tenaient pour l’autorité légitime, la faction des Seize, profitant de l’absence du duc de Mayenne, les fit arrêter à neuf heures du matin, confesser à dix et pendre à onze. Une exécution expéditive qui illustrait parfaitement l’expression aussitôt pris, aussitôt pendus.

En Amérique du Nord, il est plus d’une fois arrivé qu’un coupable, poursuivi par l’indignation publique, a été arraché de sa prison, et, sans aucun jugement préalable, suspendu au premier arbre venu transformé en gibet provisoire pour la punition de son crime, ce qu’on appelle lyncher, justice sommaire s’exécutant en absence de toute autorité légale.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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