LA FRANCE PITTORESQUE
2 janvier 1536 : supplice de Jean de Leyde
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Publié le mardi 3 novembre 2009, par Redaction
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En Allemagne, supplice de Jean de Leyde, chef des anabaptistes. Ce fut en 1523 que fut érigée la communauté des anabaptistes, ainsi nommés parce qu’ils voulaient qu’on rebaptisât les enfants. Muncer fut un des chefs de ce mouvement. Luther avait soulevé les princes, les seigneurs, les magistrats, contre le pape et les évêques ; Muncer souleva les paysans contre tous ceux-ci. L’Allemagne devint alors le théâtre des plus sanglantes horreurs. Les paysans se soulevèrent de la Saxe jusqu’en Alsace, massacrant tous les gentilshommes qu’ils rencontraient, égorgeant une fille de l’empereur Maximilien Ier, ravageant tous les endroits où ils pénétraient. Trois ans plus tard, ces troupes indisciplinées furent exterminées par l’armée régulière et Muncer périt sur l’échafaud. Ses principes ne périrent pas avec lui et, tous les paysans s’étant soulevés de nouveau et s’étant rendus les plus forts en Westphalie, s’emparèrent de la ville de Münster, dont ils chassèrent l’évêque.

Leur principal prophète ayant été tué, un garçon tailleur, nommé Jean de Leyde, assura que Dieu luyi était apparu, et l’avait nommé roi. Les paysans le crurent. La pompe de ce couronnement fut magnifique. Ses armoiries étaient deux épées dans la même position que les clefs du pape. Monarque et prophète à la fois, il fit partir douze apôtres, qui allèrent annoncer son règne dans toute la Basse-Allemagne. Voulant avoir plusieurs femmes, il en épousa jusqu’à dix à la fois. L’une d’elles ayant parlé contre son autorité, il lui trancha la tête en présence des autres qui, soit par crainte, soit par fanatisme, dansèrent avec lui autour du cadavre de leur compagne. Pour entretenir l’enthousiasme de son peuple, il organisait d’immenses banquets, avec des milliers de tables, où, par une infâme démagogie, il effectuait lui-même le service.

Ce roi-prophète eut une vertu qui n’est pas rare chez les bandits et les tyrans, la valeur : il défendit Münster contre son évêque Valdec - qui avait repris possession de la ville - avec un courage intrépide pendant une année entière ; et dans les extrémités où le réduisit la famine, il refusa tout accommodement ; enfin, il fut pris les armes à la main, par une trahison des siens. L’évêque, après l’avoir fait quelque temps promener de ville en ville enfermé dans une cage de fer comme on fait voir un monstre curieux, le fit mourir en le tenaillant avec des pinces rougies.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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