LA FRANCE PITTORESQUE
28 janvier 1813 : mort de madame d’Houdetot
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Publié le lundi 23 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Le nom de madame d’Houdetot rappelle les uniques amours de Jean-Jacques et le modèle de sa charmante Julie. Dans quelques pages de ses Confessions le philosophe a immortalisé cette femme aimable, qui n’était point belle, mais qui avait beaucoup d’esprit, beaucoup de talents et un caractère angélique. « Hors la force et la prudence, dit Rousseau, elle rassemblait toutes les vertus ce qui prouve sans réplique, ajoute-t-il plus loin, la pureté et la sincérité de son excellent naturel, c’est qu’étant sujette aux plus énormes distractions et aux plus risibles étourderies, il lui en échappait souvent de très imprudentes pour elle-même, mais jamais d’offensantes pour qui que ce fût.

On l’avait mariée très jeune et malgré elle au comte d’Houdlot, homme de condition, bon militaire, mais joueur, chicaneur, très peu aimable, et qu’elle n’a jamais aimé. Elle trouva dans M. de Saint-Lambert tous les mérites de son mari, avec des qualités plus agréables, de l’esprit, des vertus, des talents. S’il faut pardonner quelque chose aux mœurs du siècle, c’est sans doute un attachement que sa durée épure, que ses effets honorent, et qui ne s’est cimenté que par une estime réciproque. »

Cette seconde union, qui avait presque la sainteté de l’hymen, ne fut pas même altérée par l’éloquente passion de Rousseau. Madame d’Houdetot prodigua les soins les plus touchants à la vieillesse de Saint-Lambert, dont la raison affaiblie reprochait sans cesse des torts imaginaires à cette amie si fidèle et si tendre. Madame d’Houdetot lui survécut dix années, et s’éteignit doucement, comme elle avait vécu, à l’âge de quatre-vingt-trois ans, entourée d’une nombreuse famille.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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