LA FRANCE PITTORESQUE
28 janvier 1628 : mort d’Ablas, septième schah de Perse
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Publié le lundi 23 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Schah-Abbas, décoré du surnom de grand par la voix unanime de son peuple, a laissé une trace lumineuse dans les annales de la Perse. Il était le troisième fils de Mohamined-Khoda-Bendeh, et monta, en 1589, sur le trône qu’avaient ensanglanté ses deux frères. C’est lui qui transporta le siège de l’empire de Qazwyn à Ispahan. Des succès politiques et guerriers marquèrent les commencements de son règne : des réformes civiles ne tardèrent pas à les suivre.

Sous ce prince, l’empire, régénéré, s’augmenta de tout le territoire que les Turcs en avaient détaché sous les précédents monarques. D’autres victoires y ajoutèrent encore de vastes provinces. Triomphant des Usbecks, des Afghans, des Portugais même, auxquels il enleva l’île d’Ormuz, Schah-Abbas s’occupait de la prospérité du commerce, de la splendeur des arts. Il osa licencier cette formidable milice des Courtchis, qui jouait à Ispahan le même rôle que les janissaires à Constantinople, et que les strélitz à Moscow. cet acte de vigueur raffermit les fondements du trône.

« Tant de triomphes et tant de gloire, dit un historien, avaient porté le nom de Schah-Abbas jusqu’aux extrémités de la terre il reçut des ambassadeurs de tous les royaumes, et consacra les dernières années de sa vie à l’embellissement de sa capitale. Il y fit construire des mosquées magnifiques ; mais le séjour dans lequel il épuisa toutes les recherches du goût et tous les efforts de l’art fut Ashreff, cette maison de campagne du Mazandéran, qui réalisait toutes les merveilles de Milton et de l’Arioste. Le grand Abbas venait s’y délasser du soin des affaires et des fatigués du gouvernement. Il mourut à soixante-trois ans, après en avoir régné quarante-six. Il laissa la Perse dans un état de prospérité où elle ne s’était jamais trouvée depuis le siècle du grand Chosroès. »

Si Schah-Abbas se rapprochait des nations les plus éclairées par son génie, il tenait à la sienne par sa cruauté. Un jour, dans un accès de défiance aveugle, il donne l’ordre de faire mourir son fils aîné, et le révoque presque aussitôt ; mais il n’était plus temps. Abbas se livre à tout l’excès du desespoir : pendant dix jours, il porte un bandeau sur ses yeux, s’enveloppe pour un an dans des habits de deuil, et conserve toute sa vie les vêtements les plus simples, en mémoire de ce tragique événement. Jusqu’ici l’on reconnaît le cœur d’un père à ses remords ; poursuivons : Abbas comble de caresses et de bienfaits le fils du malheureux Ssefy-Myrzâ, le désigne pour son héritier, et afin de lui assurer la couronne, fait crever les yeux aux deux fils qui lui restent. Ce n’est pas tout : la vue du meurtrier de son fils lui était odieuse ; et, quoiqu’il lui eût paye la récompense promise, il cherchait à le punir de l’excès de son zèle. « Va, lui dit-il un jour, couper toi-même la tête de ton fils, et fais-la rouler à mes pieds. » L’esclave s’éloigne, obéit, et revient avec son horrible offrande. « Ton fils et le mien n’existent plus, dit Abbas ; tu es maintenant aussi à plaindre que moi, et notre malheur est ton ouvrage. » Peu de temps après, l’exécuteur de cette double sentence reçut la mort par les ordres du roi.

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