LA FRANCE PITTORESQUE
26 Janvier 1761 : mort du maréchal de Belle-Isle
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Publié le lundi 23 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Petit-fils du surintendant Fouquet, le maréchal comte de Belle-Isle effaça par son mérite le souvenir de la disgrâce qui avait frappé sa famille ; il se distingua par l’alliance vraiment rare des talents du diplomate et de ceux du guerrier. Après plusieurs campagnes, dans lesquelles il avait figuré glorieusement, et conquis à la pointe de l’épée les divers grades dont il fut honoré, il concourut à la paix de 1736, qui assurait la Lorraine à la France : en récompense, il obtint le commandement des Trois-Evêchés, et le conserva toute sa vie.

C’est alors que Belle-Isle se livra aux soins de l’administration : on lui attribue toutes les ordonnances militaires qui parurent en 1787 : il était le conseil et l’oracle du cardinal de Fleury. Lorsque la succession de l’empereur Charles VII s’ouvrit, les démarches et l’influence de Belle-Isle disposèrent les principales cours de l’Allemagne en faveur de l’électeur de Bavière, Charles VII. (Voyez 20 Janvier 1745.) Le roi de Prusse disait à cette occasion : « II faut convenir que ce maréchal de Belle-Isle est le législateur de l’Allemagne. »

Un compliment ne tire pas à conséquence : celui-ci n’empêcha pas Frédéric de se déclarer peu de temps après pour Marie-Thérèse, et le législateur de l’Allemagne se vit réduit à sauver les Français renfermés dans Prague (voy. 17 Décembre 1742) : la belle retraite du maréchal fut comparée à celle des dix mille, et le couvrit des palmes réservées au génie militaire. Cependant l’injustice ne l’épargna point : le cardinal de Fleury l’accusa auprès des ministres de Marie-Thérèse d’avoir voulu la guerre. Belle-Isle se contenta de répondre : « On peut bien manquer de mémoire à quatre-vingt-neuf ans. »

Créé duc et pair en 1748, élu par l’Académie française en 1766, chargé l’année suivante du porte-feuille de la guerre, Belle-Isle avait accompli sa noble carrière, et en sortit sans regrets à l’âge de soixante-dix-sept ans. La maison qu’il avait fondée tomba avec lui : son frère, le chevalier de Belle-Isle, avait été tué à la malheureuse afl’aire du Col de l’Assiette ; et son fils, le comte de Gisors, à la bataille de Creveldt.

Parmi les utiles réformes que l’on doit aux lumières de cet homme éminent, il faut noter celle d’un abus qui plaçait jadis des enfans de douze ans à la tête des corps, et que l’on désignait sous le titre de nominations des colonels à la bavette. Un jour le maréchal de Belle-Isle répondit au duc de Broglie, qui sollicitait un régiment pour un jeune parent dont le bras s’était signalé à la bataille de Berghen : « Les batailles aguerrissent les jeunes gens, mais ne les forment pas. »

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