LA FRANCE PITTORESQUE
Passer le Rubicon
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Publié le vendredi 29 septembre 2023, par Redaction
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S’engager d’une manière irrévocable par une démarche hasardeuse
 

Ce mot, qui est devenu proverbe dans le sens de s’engager d’une manière irrévocable par une démarche hasardeuse, est une allusion à la révolte de César contre le sénat romain. Le Rubicon séparait l’Italie de la Gaule Cisalpine. Le sénat, pour assurer Rome contre les troupes de la Gaule, avait rendu le célèbre sénatus-consulte qui dévouait aux dieux infernaux et déclarait sacrilège et parricide quiconque, avec une légion ou même une cohorte, passerait le Rubicon.

Quand le sénat eut refusé à César le consulat et la continuation de ses gouvernements, celui-ci, qui n’attendait qu’un prétexte pour renverser Pompée, résolut de franchir les limites de son gouvernement et de marcher sur Rome. Cependant, lorsqu’il fut sur les bords du Rubicon, il fut frappé des réflexions que lui inspirait l’approche du danger, et qui lui montraient de plus près l’audace de son entreprise. Il en conféra longtemps avec ceux de ses amis qui l’accompagnaient. « Il est encore temps de retourner sur nos pas, leur dit-il, une fois ce faible pont franchi, c’est le fer qui décidera tout. »

César franchit le Rubicon
César franchit le Rubicon. © Crédit illustration : Araghorn

Il hésitait, dit Suétone, un prodige le détermina. Un homme d’une taille et d’une beauté remarquables apparut tout à coup, assis à peu de distance et jouant du chalumeau. Des bergers et quelques soldats des postes voisins, parmi lesquels il y avait des trompettes, accoururent pour l’entendre. Il saisit l’instrument d’un de ces derniers, s’élança vers le fleuve, et, tirant d’énergiques accents de cette trompette guerrière, il se dirigea vers l’autre rive. « Allons, dit-il alors, allons où nous appellent la voix des Dieux et l’injustice de nos ennemis : le sort en est jeté ! » Le fameux alea jacta est ! qu’on a répété tant de fois depuis César, n’est pas le seul mot que nous ait laissé ce grand homme. Quand Pompéia fut soupçonnée d’un commerce adultère avec Publius Clodius, César la répudia, et lorsqu’il fut appelé en témoignage contre l’accusé, il déclara n’avoir aucune connaissance des faits qu’on lui imputait. Pourquoi donc avez-vous répudié votre femme ? « Parce que, répondit-il, la femme de César ne doit pas même être soupçonnée. »

On n’a pas oublié non plus cette barque sur laquelle César, déguisé en esclave, était parti d’Apollonie pour aller rejoindre plus promptement ses troupes à Brundusium. La barque descendait le fleuve Anius qui la portait vers la mer. Tout à coup, un vent violent s’élève, et les vagues, poussées avec furie, luttent contre le courant. Le pilote désespérant de maîtriser les flots, ordonne à ses matelots de remonter le fleuve. César, qui entend donner cet ordre, se fait connaître et dit au pilote en lui prenant la main : « Mon ami, continue ta route, et risque tout sans rien craindre, tu portes César et sa fortune. » Enfin, on cite encore tous les jours ces trois mots fameux veni, vidi, vici, que César écrivit à Amintius, un de ses amis de Rome, pour lui exprimer la rapidité de sa victoire dans le royaume de Pont.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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