LA FRANCE PITTORESQUE
3 avril 1203 : le roi d’Angleterre
Jean sans Terre assassine son neveu
et se voit condamné par la France
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Publié le dimanche 27 mars 2011, par Redaction
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Après la mort de Richard, roi d’Angleterre, Jean, dit sans Terre, lui avait succédé au préjudice de son neveu Arthus, fils de Geoffroy de Bretagne (frère aîné de Jean). Il voulut même lui enlever la Bretagne, qui lui était échue par sa mère. Arthus prend les armes pour défendre ses droits ; mais Jean l’ayant battu et fait prisonnier, l’envoie à la tour de Rouen.

Jean sans Terre

Jean sans Terre

Il tenta inutilement de lui arracher une renonciation à tous ses droits. Furieux de sa résistance, il se le fait amener dans un bateau, qui était sur la Seine et au pied de la tour, et là (un Jeudi-Saint, 3 avril 1203) il le poignarda de sa propre main et le jeta dans la rivière, où il fut pêché le lendemain, et inhumé dans l’église de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.

Ce premier crime fut la cause de tous les malheurs de Jean. La comtesse de Bretagne, mère d’Arthus, fit présenter à la cour des pairs de France une requête signée des barons de Bretagne. Le roi d’Angleterre fut sommé par les pairs de comparaître : la citation lui fut signifiée à Londres. Le roi accusé envoya un évêque demander à Philippe-Auguste un sauf-conduit : « Qu’il vienne, dit le roi, il le peut. — Mais y aura-t-il sûreté pour le retour, demanda l’évêque ? — Oui, s’il est justifié, répondit Philippe. »

Le roi accusé n’ayant pas comparu, les pairs de France le condamnèrent à mort, comme coupable du meurtre de son neveu — Arthus était gendre de Philippe-Auguste, ce qui aggravait encore le crime du roi Jean sans Terre —, commis dans le ressort du royaume de France, et ils déclarèrent toutes ses terres situées en France, confisquées et acquises au roi.

Philippe se mit aussitôt en devoir de recueillir le fruit des crimes de son vassal ; il parut moins un conquérant qu’un juge qui punissait un coupable, qu’un héros qui vengeait la querelle des rois et de l’humanité. Il s’empara de la Normandie, et la réunit à la couronne, trois cents ans après qu’elle en avait été détachée ; il en fit autant de la Touraine, de l’Anjou, du Maine et du Poitou, qu’il remit sous l’autorité immédiate de leurs anciens maîtres : en sorte qu’il ne resta plus rien en France au roi Jean que la Guyenne ; et bientôt après, il perdit la couronne d’Angleterre, par la haine de ses sujets.

« Rollon, dit Mézerai, pour s’être de barbare fait chrétien, fut le premier duc de Normandie, et Jean, pour être de chrétien devenu plus méchant que les païens, fut le dernier. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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