LA FRANCE PITTORESQUE
1er avril 1790 : publicité du Livre rouge
consignant les sorties de fonds
ordonnées par le roi
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Publié le dimanche 27 mars 2011, par Redaction
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Le 5 mars précédent, l’Assemblée constituante avait chargé son président de supplier le roi d’enjoindre à ses ministres et à tous autres agents de son autorité, de délivrer des copies et de communiquer les originaux des pièces qui leur seront demandées par ses comités, et à leur première réquisition, notamment le registre connu sous le nom de Livre rouge — appelé ainsi en raison de sa reliure en maroquin rouge —, et les originaux des bons des pensions, dons et gratifications accordés dans les départements.

Ce Livre rouge était en effet un registre commencé sous Louis XV et où étaient inscrites les sommes et les pensions payées sur des ordres ou bons, délivrés par les deux rois, Louis XV et Louis XVI. Ce dernier, accédant à la requête de l’Assemblée, envoya le Livre rouge à la Commission des pensions, rassemblée chez Jacques Necker — ministre des Finances — en présence d’Armand de Montmorin — ministre des Affaires étrangères —, après avoir cacheté toutefois les feuilles concernant le règne de son aïeul. Ce scellé fut respecté.

A gauche, reliure originale du Livre rouge. A droite, édition publique de 1790

A gauche, reliure originale du Livre rouge. A droite, édition publique de 1790

Le premier article du livre était en date du 19 mai 1774, portant une somme de 200 000 francs pour distribution aux pauvres à l’occasion de la mort du feu roi ; le dernier article, en date du 16 août 1789, énonce la somme de 7 500 francs pour un quartier de la pension de madame d’Ossun. Chaque article de dépense est écrit de la main du contrôleur-général, et ordinairement paraphé de celle du roi. Le paraphe est un L avec une barre dessous. En général, les articles écrits de la même main sont sous une même suite de numéros, et, lorsque l’administrateur cesse d’être en fonction, il y a un arrêté, quelquefois de la main du roi, quelquefois de la main du ministre, avec la signature entière du roi.

Les députés, chargés d’examiner ce livre, trouvèrent pour le règne de Louis XVI une dépense totale s’élevant à 227 985 716 francs, 10 sous et 1 denier. Publié tel quel le 1er avril 1790, le Livre rouge apparaissait dispendieux aux yeux du peuple, et la presse patriote était assurée de son effet en en reproduisant elle-même des extraits, assortis de commentaires narquois et de nombreuses caricatures.

Cependant, le Comité des pensions, en réalité insatisfait du dépouillement, déclara à l’Assemblée que le Livre rouge n’était pas le seul registre contenant des preuves des dissipations de la cour, et qu’il était certain que les ordonnances du comptant, imaginées pour voiler une infinité de dépenses qu’on aurait eu honte d’avouer, s’élevait à de très fortes sommes. C’est Camus, rapporteur du Comité, qui fit imprimer le Livre rouge le 1er avril 1790.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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