LA FRANCE PITTORESQUE
31 mars 1547 : mort de François Ier,
à l’âge de 52 ans
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Publié le dimanche 31 mars 2019, par Redaction
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François, comte d’Angoulême et duc de Valois, était arrière-petit-fils de Louis, duc d’Orléans, et de Valentine de Milan. Il naquit à Cognac en 1494, et monta sur le trône en 1515, à l’âge de vingt et un ans.

François Ier

François Ier

Le règne de ce prince eût été plus florissant s’il avait eu la sagesse d’abandonner ses prétentions sur le Milanais, source intarissable de guerres ; il eût joui d’une heureuse paix, il eût embelli, policé, éclairé son royaume beaucoup plus qu’il ne fit dans les derniers temps de sa vie. Il eût donné une libre carrière à toutes ses vertus ; il fut grand pour avoir encouragé les arts ; mais la passion malheureuse de vouloir toujours faire des conquêtes en Italie, fit tort à sa gloire et à la félicité de ses peuples.

« Il ne lui manqua, dit Hénault, pour être le premier prince de son temps, que d’être heureux ; mais il ne tient pas à la fortune de dégrader les rois, en les accablant. Tout est perdu hormis l’honneur, écrivait-il à la duchesse d’Angoulême, après la bataille de Pavie. Les adversités ne firent que mieux découvrir sa grande âme, et les qualités brillantes de ce monarque n’échauffèrent pas moins le génie des écrivains de son siècle, que la protection qu’il leur accorda. »

Quoique son règne ait été marqué par de grands désastres, il est cependant regardé comme l’un des plus illustres de notre monarchie, parce qu’il est l’époque de plusieurs révolutions heureuses, dont la plus remarquable est le rétablissement des lettres : ce monarque régnait précisément dans le temps qu’échappées aux ravages de la Grèce, elles étaient venues chercher un asile en Occident. A l’exemple et à l’envi des Médicis, il les appela dans ses Etats, et les y fixa par des établissements solides.

Les arts, et surtout l’architecture, reprirent une nouvelle naissance. Les palais de Fontainebleau, de Saint-Germain-en-Laye, de Chambord, les châteaux de Madrid (au bois de Boulogne), de Villers-Cotterêts, et le commencement du Louvre à Paris, sont les monuments de la magnificence de François Ier.

Son beau projet du Collège Royal ne put être exécuté, mais du moins on y enseigna, par ses libéralités, les langues grecque et hébraïque, et la géométrie, qu’on était très loin de pouvoir enseigner dans l’université. Cette université n’était encore fameuse que par sa théologie scolastique : il n’y avait pas un homme en France, avant ce temps-là, qui sût lire les caractères grecs.

On ne se servait dans les écoles, dans les tribunaux, dans les monuments publics, dans les contrats, que d’un mauvais latin, appelé le langage du Moyen Age. L’empereur Rodolphe avait le premier ordonné, dans l’Allemagne, qu’on plaidât et qu’on rendît les arrêts dans la langue du pays ; Alphonse le Sage, en Castille, établit le même usage ; Edouard en fit autant en Angleterre ; François Ier ordonna, enfin, qu’en France ceux qui avaient le malheur de plaider, pussent lire leur ruine dans leur propre langue.

On sait que François Ier mourut de cette maladie, alors incurable, que la découverte du Nouveau-Monde avait transplantée en Europe. Le président Hénault a remarqué que, suivant les registres du parlement, cette maladie commença à se faire connaître à Paris l’an 1494, la même année que naquit François Ier. L’évêque de Mâcon, dans l’oraison funèbre de ce prince, ayant assuré que son âme était allée droit en paradis, sans passer par le purgatoire, la Sorbonne censura fortement l’évêque, et s’opposa à l’impression de son discours.

François Ier est l’auteur de la formule : Car tel est notre plaisir. C’est lui qui introduisit la mode de porter les cheveux courts et la barbe longue, d’après Jules II ; dès lors les courtisans laissèrent croître la leur la plus longue qu’il fut possible ; ce fut un ornement de petit-maître ; les gens graves et les magistrats eurent grand soin de se faire raser ; mais les courtisans et les petits-maîtres se dégoûtèrent bientôt de la longue barbe, et revinrent à la mode plus jolie des mentons rasés : alors les magistrats recommencèrent à laisser croître leur barbe.

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