LA FRANCE PITTORESQUE
24 mars 809 : mort d’Haroun al-Rachid
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Publié le vendredi 22 mars 2013, par Redaction
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Haroun al-Rachid, vingt-cinquième calife, et le cinquième de la dynastie des Abbassides, naquit à Ray (Pers) en 765. Al-Mahdi son père confia sa jeunesse aux soins de Yahyâ ben Khâlid le Barmécide, et le déclara successeur du premier de ses fils, nommé al-Hâdi. Après la mort de son père, Haroun, loin de profiter de l’absence de son frère, occupé dans une expédition lointaine, pour usurper le trône, le proclama calife, et reçut en son nom le serment de fidélité des troupes.

Le mérite éclatant d’Haroun, et la confiance dont l’avait honoré son père, excitèrent la jalousie de Hâdi. Il tenta plusieurs fois de le priver de la succession au trône, et n’en fut empêché que par les conseils et l’ascendant de Yahyâ. Enfin, lassé de l’opposition que ce ministre mettait à ses desseins, et craignant de plus en plus son frère, il ordonna la mort de l’un et de l’autre. Cet ordre allait être exécuté lorsque le calife mourut lui-même subitement. Cet évènement sauva la vie à Haroun, et le mit en possession du califat le 14nbsp ;septembre 786.

Son règne fut brillant et heureux ; il étendit ses conquêtes dans les trois parties du monde, depuis l’Espagne et l’Afrique jusqu’aux Indes. Il gagna en personne huit grandes batailles ; il imposa tribut à l’empire grec, du temps de l’impératrice Irène, et de Nicéphore, successeur d’Irène. Haroun al-Rachid eut le bonheur d’être conseillé par de grands ministres ; et quoiqu’il faille attribuer à leurs talents l’état brillant de son immense empire, il faut convenir qu’à de grands vices il joignait d’éminentes qualités. Sous son règne, les chrétiens d’Orient n’éprouvèrent point de persécutions. Il aimait les hommes de lettres, et les admettait à sa familiarité. Bon poète lui-même, ses connaissances dans l’histoire et la littérature étaient très étendues ; sa gaieté naturelle avait rendu sa cour l’asile des plaisirs. Il aimait beaucoup les échecs, et il assigna des appointements à des professeurs de ce jeu.

Mais ses belles qualités sont flétries par des crimes. Il manqua de bonne foi envers l’impératrice Irène ; il usa de la plus noire perfidie à l’égard de Yahyâ, et sacrifia sans raison la famille des Barmécides, auxquels il devait une partie de sa gloire, le trône et même la vie.

Charlemagne jetait alors le même éclat en Occident ; et ces deux princes, dignes de s’apprécier, furent en correspondance. Le calife envoya en 807 une ambassade au monarque français. Parmi les présents qu’il lui fit offrir, on remarquait une clepsydre ou horloge d’eau, regardée alors comme un prodige ; un jeu d’échecs, et des plants de légumes et de fruits de différentes espèces, dons inappréciables dans un temps où la France était peu cultivée ; il joignit à ces présents un éléphant, le premier qui eût encore paru en France, et les clefs du Saint-Sépulcre.

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