LA FRANCE PITTORESQUE
Diamant Bleu de la Couronne
de France (Malédiction du)
(D’après « Le Petit Parisien » n°12512, paru en 1911)
Publié le jeudi 3 juillet 2014, par Redaction
Imprimer cet article
À l’occasion de la vente en 1911 du diamant « Hope » par le joaillier Cartier à l’Américain Mac-Lean qui l’acquiert pour l’offrir à son épouse, la fille du milliardaire Walsh, Le Petit Parisien revient sur l’histoire, présentée comme curieuse et entourée d’un certain mystère, de ce bijou dont la légende affirme qu’il porterait malheur
 

On ne sait pas trop d’où il vient, poursuit le journal. Il est probable, cependant, qu’il figurait avant la Révolution parmi les diamants de la couronne, où l’on citait « un très grand brillant bleu de la plus riche couleur, forme triangle, parfait dans sa proportion ». Son poids était de 67 carats, et on estimait qu’il valait trois millions. Lors du vol des diamants de la couronne, cette merveille disparut, et jamais plus on n’en entendit parler. Seulement, on suppose que ses détenteurs le firent tailler, réduire, le ramenèrent au poids de 44 carats, et que c’est lui qui fut acheté par le riche négociant anglais Hope, dont il a gardé le nom.

Evalyn Walsh McLean

Evalyn Walsh McLean

Ce récit est vraisemblable. Ce qui tient de la légende, c’est la réputation de mauvaise chance qui s’est attachée au diamant bleu de Hope, dont on dit qu’il porte malheur. Il est vrai que ses derniers possesseurs, parmi lesquels se trouvait le sultan déchu Abdul-Hamid, n’ont pas été favorisés de la fortune, mais ce ne sont là que des coïncidences bizarres, et la richissime Américaine qui va porter cette admirable pierre n’attachera sans doute aucune attention à ces contes fantastiques. Il convient d’ajouter, néanmoins, que le petit-fils du négociant Hope fut obligé de vendre le diamant bleu, après un mariage excentrique qui, paraît-il, ébranla sa fortune. Les acheteurs, à leur tour, durent se séparer de leur acquisition, à la suite de lourdes difficultés financières. Mais de tels faits ne sauraient être imputés à l’influence mystérieuse du Blue Hope, bien innocent des méfaits qui lui sont reprochés par des gens superstitieux.

Cependant, il convient encore d’ajouter à la série des propriétaires du diamants, que l’on appelle « porte-malheur », le nom d’un de ses derniers détenteurs : M. Habib. Ce M. Habib, négociant en joaillerie à Paris, était, dit-on, l’agent du sultan Abdul-Hamid ; il se rendit, il y a environ deux ou trois ans, dans les Indes, et périt noyé, le bateau qui le portait ayant fait naufrage. Mais M. Habib n’avait pas avec lui le joyau que l’on supposait avoir été vendu à quelque rajah. Le Blue Hope se trouvait à ce moment chez le joaillier parisien M. Chaumet, puis passait en d’autres mains.

Le Diamant Bleu ou Blue Hope

Le Diamant Bleu ou Blue Hope

Nous avons eu, à cette époque, l’occasion de voir cette gemme, la couleur en est bleu saphir et sa grosseur de quarante-quatre carats lui donne l’équivalence, en diamètre, d’une noix moyenne. Ce qui distingue ce diamant bleu d’un autre qui fit quelque bruit, il y a quelques années, le diamant bleu monté en bague qui disparut du château de Ker-Stir, à Brest, c’est que ce dernier, sept fois plus petit du reste que le précédent, n’était que bleuté. « couleur très pâle de fumée de cigarette ». Quelques mots sur les diamants bleus, dont la valeur est grande, ne seront pas hors de propos. On les considère comme les plus précieux qui soient au monde. Leur vogue est considérable, aux Etats-Unis, où les filles et les femmes des milliardaires se les disputent à beaux deniers comptants. Il est donc certain que Mme Mac-Lean va susciter là-bas bien des jalousies et des envies, car le Blue Hope est véritablement le roi des diamants bleus.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE