LA FRANCE PITTORESQUE
23 janvier 1516 : mort de Ferdinand V dit le Catholique, roi d’Espagne
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Publié le dimanche 22 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Le règne de Ferdinand V fut en quelque sorte pour l’univers une époque d’agrandissement moral et physique ; sous lui, la monarchie espagnole prit part à l’un et à l’autre, mais beaucoup plus encore au second qu’au premier. Malheureusement, avec les germes d’une prospérité de cent années, elle reçut les éléments d’une décadence de plusieurs siècles.

Ferdinand V naquit à Soz, sur les frontières de la Navarre, le 10 mars 1452 ; il était fils de Jean II, roi d’Aragon, et il épousa, en 1469, Isabelle de Castille, fille de Jean II, roi de Castille, et sœur de Henri IV, dit l’Impuissant. Cet hymen, qui plaçait deux royaumes sous un même sceptre, prépara la réunion définitive de tous les royaumes isolés de la péninsule ibérique, réunion qui s’accomplit quarante-deux ans plus tard. « Ferdinand et Isabelle, dit un historien, vécurent ensemble, non comme deux époux dont les biens sont communs sous les ordres du mari, mais comme deux monarques étroitement unis pour leurs communs intérêts. Isabelle n’accorda à son époux d’autre part dans le gouvernement de la Castille que l’honneur d’apposer son nom au bas des ordonnances qu’elle rendait, et d’entrelacer les armes castillanes aux armes aragonaises. Tous deux formèrent une puissance telle que l’Espagne n’en avait pas encore vu. »

Forts de cette puissance, ils portèrent le dernier coup à la domination musulmane, en chassant les Maures de Grenade. (voy. 3. Janvier 1492) Dans le même temps, Christophe Colomb découvrait le Nouveau-Monde, et y prenait terre en leur nom (voy. 11 Octobre 1492 ) ; la Navarre tombait sous leurs lois ; Gonsalve de Cordoue leur soumettait le royaume de Naples. Ces deux dernières conquêtes n’étaient pas même justifiées par un prétexte ; de là vient que Ferdinand V, appelé en Espagne le Sage et le Prudent, en Italie le Pieux, n’eut en France et en Angleterre que le titre d’ambitieux et de perfide.

Quant au surnom de Catholique, sous lequel la postérité le désigne, il le dut, soit à l’expulsion des Maures, soit à l’érection de ce sanglant tribunal dont Thomas de Torquémada fut l’instituteur et le chef. (voy. 17 Septembre 1480, 29 Janvier 1482.)

Veuf de la reine Isabelle (voy. 26 Novembre 1504), Ferdinand épousa en secondes noce Germaine de Foix. Un breuvage que lui donna cette princesse, pour lui rendre les forces que l’âge lui refusait, causa sa mort à l’âge de soixante-trois ans, une année après celle de Louis XII.

Ainsi que le remarque un historien de l’Espagne, « Ferdinand eût bien mieux mérité d’avoir Louis XI pour adversaire. L’autorité royale s’accrut beaucoup entre ses mains, c’est-à-dire qu’il seconda parfaitement la tendance de son époque, qui était la formation des royautés européennes sur les débris du grand baronage. Il fut, à proprement parler, le premier roi d’Espagne qui mérite historiquement ce nom ; mais après tout, son ambition fut sans mesure, et sans doute il ne fut pas étranger à ce vain projet de monarchie universelle, où se sont fourvoyés ses deux célèbres successeurs, et qui n’a eu pour résultat que l’affaiblissement de leur monarchie héréditaire.

Considéré sous un autre point de vue, Ferdinand fut un homme bien peu digne dtestime ; il lut sans foi, et sa religion ne consista qu’à doter des couvents, faire bâtir des églises et engraisser des chanoines. Il n’y a jamais eu de menteur plus solennel et de fourbe plus majestueux. Des historiens ont cherché à le justifier par l’exemple universel des princes de son temps ; une morale pure et sévère ne saurait admettre une telle apologie.... Ferdinand trompait et s’en vantait, ce qui est peut-être pire. » (voy. Ier Janvier 1515, Mort de Louis XII.)

Ferdinand eut le bonheur d’être entouré de grands hommes qui travaillèrent pour lui. Le génie de Colomb, l’épée des Cortex, des Pizarre, des Gonzalve, lui conquirent des royaumes : Ximénès, sorti des ténèbres du cloître, en régla d’une main ferme l’administration. (voy. 8 novembre)

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