Jean-François du Resnel, né a Rouen le 27 juin 1692, est connu par sa belle traduction de l’Essai sur la Critique de Pope ; on en sait plusieurs vers, et il y en a beaucoup d’une harmonie imitative, comme ceux-ci :
Qu’Ajax soulève un roc et le lance avec peine, Chaque syllabe est lourde et chaque mot se traîne ; Vois-tu d’un pied léger Camille effleurer l’eau, Le vers vole et la suit, aussi prompt que l’oiseau. |
Virgile avait dit :
Fila vel intactae segetis per summa volaret, Gramina, nec teneras cursu laesisset aristas. |
La traduction de l’Essai sur l’Homme n’eut pas autant de succès. Celle de M. de Fontanes a plus de vigueur et de poésie.
L’abbé du Resnel avait appris l’anglais à Boulogne, où il était chanoine. Les Anglais qu’il avait occasion d’y voir, l’avaient familiarisé avec leur langue ; il avait contracté dans leur commerce une telle prédilection pour les étrangers, qu’un de ses amis lui disait un jour : « Que je suis fâché, mon cher abbé, de n’être pas Huron ; vous m’aimeriez à la folie. »
L’abbé du Resnel avait été reçu à l’Académie des inscriptions et belles lettres, le 5&nsp;mai 1733, et à l’Académie française, où il remplaça l’abbé Dubos, le 30 juin 1742.
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