LA FRANCE PITTORESQUE
20 février 1771 : mort du savant Jean-Jacques
Dortous de Mairan à l’âge de 92 ans
(D’après « Biographie universelle ancienne
et moderne » (Tome 26), paru en 1820)
Publié le jeudi 16 février 2017, par Redaction
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Physicien, mathématicien et littérateur distingué, Jean-Jacques Dortous de Mairan naquit à Béziers le 26 novembre 1678 et perdit son père à l’âge de quatre ans ; à seize, il se trouva maître de sa fortune, par la mort de sa mère, femme respectable, qui avait pris le plus grand soin de son éducation
 

C’est à cette époque qu’il alla continuer ses études à Toulouse, et y fit de si grands progrès dans les langues anciennes, qu’à sa sortie du collège, il traduisait le grec à livre ouvert. Il vint ensuite à Paris et y demeura environ quatre ans, qu’il employa principalement à étudier la physique et les mathématiques.

De retour dans sa patrie, il continua de s’appliquer à ses études favorites, n’accordant à la société que les moments qu’il n’aurait pu lui enlever avec bienséance. En 1715, il remporta un prix à l’Académie de Bordeaux, par un Mémoire sur les variations du baromètre ; et les deux années suivantes, il y obtint de nouveaux triomphes, par deux Dissertations sur la glace et sur les phosphores. Ces Dissertations furent publiées à Paris, la même année 1715.

Jean-Jacques Dortous de Mairan, par Pierre-Charles Ingouf

Jean-Jacques Dortous de Mairan, par Pierre-Charles Ingouf

L’Académie, voulant exclure de ses concours un athlète si redoutable, s’empressa de l’admettre parmi ses membres. Mairan se fixa pour lors à Paris, où il était déjà connu avantageusement ; et à son arrivée, l’Académie des sciences s’empressa de lui ouvrir ses portes (décembre 1718). Il se montra fort assidu aux séances de cette savante compagnie, et y lut différents mémoires qui ajoutèrent encore à l’idée qu’on s’était faite de ses talents. Il fut chargé, en 1721, avec Varignon, de donner une nouvelle méthode, pour le jaugeage des navires, qui prévînt les plaintes du commerce et les fraudes des marchands ; et les deux académiciens visitèrent ensemble, pour cet objet, les ports principaux de la Méditerranée. Le procédé de Mairan fut grossièrement critiqué par Deslandes qui, après quelques débats, finit par faire une réparation publique, tant à lui qu’à l’Académie.

A son retour, Mairan s’arrêta dans sa ville natale, où il jeta les fondements d’une académie destinée principalement à répandre dans les provinces méridionales le goût des sciences exactes ; et il eut la satisfaction d’en voir approuver les statuts par le roi. Arrivé à Paris, il reprit ses travaux avec une nouvelle ardeur ; et les nombreux mémoires qu’il publia sur différentes questions d’astronomie, de géométrie, de physique et d’histoire naturelle, prouvent la variété et l’étendue de ses connaissances.

Mais il n’était pas seulement savant : Mairan possédait la théorie de la musique ; il jouait également bien de plusieurs instruments, parlait en homme de goût des chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture, et était très versé dans la chronologie et l’antiquité ; et, comme Fontenelle, il avait l’art d’embellir, des grâces du style, les théories des sciences les plus abstraites : seulement sa touche était plus austère.

Jean-Jacques Dortous de Mairan, par Carmontelle (1760)

Jean-Jacques Dortous de Mairan, par Carmontelle (1760)

Il fut nommé, en 1740, pour remplacer ce même Fontenelle, dans la charge de secrétaire de l’Académie : mais son âge assez avancé lui faisant éprouver le besoin de la retraite, il n’accepta que sous la condition qu’il pourrait se démettre au bout de trois ans ; et il lit agréer Grandjean de Fouchv pour son successeur.

La vieillesse ne fut point pour Mairan un temps de repos : il publiait de nouvelles éditions, corrigées et augmentées, de ses premiers ouvrages, et en composait d’entièrement neufs. Il continuait d’assister régulièrement aux séances de l’Académie, et y faisait de fréquentes lectures. Un rhume, suite du froid qu’il avait éprouvé en allant dîner chez le prince de Conti pendant les vacances de Noël 1770, le força de garder la chambre : ce rhume se changea en une fluxion de poitrine, qui lui devint funeste ; et Mairan fut enlevé aux sciences et à l’amitié, le 20 février 1771, à l’âge de 92 ans.

Mairan était membre de l’Académie française (où il succéda, en 1743, à Saint-Aulaire, et où il fut remplacé par l’abbé Arnaud) ; il l’était également des Sociétés royales d’Edimbourg et d’Upsal, de l’Académie do Pétersbourg et de l’Institut de Bologne. Grandjean de Fouchy, son ami et son élève, prononça son Eloge à l’Académie des sciences. Mairan était un homme doux, honnête et obligeant. On l’accusa d’égoïsme ; mais ce reproche n’est nullement fondé : il se montra au contraire toujours disposé à aider de ses conseils et de son crédit les jeunes gens qui annonçaient du talent et le désir de le cultiver.

Le duc d’Orléans, régent du royaume lui légua sa montre comme une preuve de son estime particulière ; et il reçut du prince de Conti et des plus grands seigneurs des preuves constantes d’estime et de bienveillance. Il était lié avec Voltaire, qui le consultait et professait pour lui des sentiments d’estime qui ne se sont jamais démentis.

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