LA FRANCE PITTORESQUE
Faileube
(née en 572, morte en 596)
(Épouse Childebert II (alors roi d’Austrasie,
puis roi de Paris et de Bourgogne) vers 585)
Publié le mercredi 13 octobre 2010, par Redaction
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Née en 572, Faileube épousa Childebert II vers 585, tandis qu’il était déjà roi d’Austrasie. Elle était mère de deux fils, Théodebert et Thierry, lorsqu’elle tomba malade des suites d’un troisième enfantement qui la surprit avant terme, en 589. Elle venait d’avoir un fils mort en naissant, et reposait sur un lit ; on parlait à quelque distance dans le même appartement, sans soupçonner qu’elle pût rien entendre.

Le comte Droctulf, gouverneur des enfants du toi, se trouvant seul un moment dans la chambre avec la gouvernante Septimine, entretenait celle-ci du projet de faire mourir Childebert II, de chasser les deux reines, Faileube mais aussi Brunehaut (mère de Childebert), et de nommer une régence qui gouvernerait au nom des enfants. Toutefois, avant de tuer le roi, on devait essayer de le persuader de répudier sa femme et de disgracier sa mère, afin que, par l’influence d’une femme de leur choix, les conjurés pussent obtenir tout ce qui leur conviendrait.

C’était Septimine qui devait tout ménager auprès du roi, pour l’engager à répudier la reine. Faileube, à l’aide de quelques mots qu’elle entendit, comprit qu’il était question de quelque vaste intrigue entre Droctulf et Septimine ; elle se rendit attentive ; et, dans les entretiens des coupables, elle eut bientôt recueilli assez d’indices. La reine-mère fit arrêter les conjurés Septimine et Droctulf, qui furent étendus entre des poteaux pour être violemment frappés de coups. Alors Septimine avoua que, par amour pour Droctulf, dont elle était la prostituée, elle avait fait périr son mari Jovius, au moyen de maléfices. Elle avoua aussi tout ce que Faileube avait entendu et nomma, pour être entrés dans le projet, ses complices : Sumnégésile, comte des écuries, et Gallomagne, référendaire.

Grégoire de Tours rapporte qu’on alla sur-le-champ pour les prendre ; mais qu’effrayés par leur conscience, ils avaient cherché leur refuge dans l’enceinte des églises. Le roi alla lui-même vers eux et leur dit : « Sortez pour qu’on vous juge, afin que nous sachions si les choses dont on vous accuse sont vraies ou fausses. Car je pense que vous ne vous seriez pas sauvés dans cette église, si vous n’aviez pas été effrayés par votre conscience. Cependant, recevez la promesse que la vie vous sera laissée, quand même on vous trouverait coupables ; car nous sommes chrétiens, et il n’est pas permis de punir les criminels qu’on a tirés de l’église. »

Ils furent conduits hors de l’église, et vinrent avec le roi pour être jugés. Ayant été examinés sur l’accusation, ils réclamèrent et dirent : « Septimine et Droctulf nous avaient déclaré ce projet, mais nous nous y sommes refusés avec exécration, et n’avons jamais voulu consentir à ce crime », ce à quoi le roi répondit : « Si vous n’y aviez donné aucun consentement, vous l’eussiez fait parvenir à notre oreille ; et n’est-il donc pas vrai que vous y avez prêté votre consentement, puisque vous l’avez dérobé à notre connaissance ? » Et aussitôt, ayant été mis dehors, ils se réfugièrent de nouveau dans l’église.

Mais Septimine fut, ainsi que Droctulf , violemment frappée de coups ; elle eut le visage brûlé de fers ardents ; puis, après lui avoir ôté tout ce qu’elle avait, on la conduisit au village de Marlheim (à quelques kilomètres de Saverne, dans le Bas-Rhin) pour y tourner la meule et pour préparer chaque jour les farines nécessaires à la nourriture des femmes qui habitaient le Gynécée. Droctulf, après avoir eu les cheveux et les oreilles coupés, fut envoyé cultiver les vignes ; mais au bout de peu de jours, il s’échappa par la fuite.

Le régisseur ayant été à sa recherche le ramena au roi, et après avoir été fort battu, il fut reconduit de nouveau à la vigne d’où il s’était échappé. Sumnégésile et Gallomagne privés de tous les biens qu’ils avaient reçus du fisc, furent envoyés en exil. S’il vint de la part du roi Gontran des envoyés, parmi lesquels se trouvaient des évêques, qui prièrent pour eux, en sorte qu’ils firent délivrés de l’exil, on ne leur laissa rien que ce qu’ils possédaient de leurs propres biens.

Seule épouse de Childebert II, Faileube eut quatre enfants avec le roi : Théodebert II (né en 586 et mort en 612) ; Thierry II (né en 587 et mort en 613) ; un fils mort-né, en 589 ; une fille, Theudelinde ou Theudeline. Après la mort de son fils Childebert II, de ses petits-fils Théodebert II et Thierry II, et de ses arrière-petits-fils, Brunehaut fuit, accompagnée de sa petite-fille Theudelinde, qui lui restait fidèle, et qui, jusqu’au supplice de la reine-mère en 613, ne cessa de la soutenir et de la consoler. Elles étaient toutes deux parvenues jusqu’à Orbe après avoir franchi le Jura ; lorsqu’un des leudes d’Austrasie, Herpon, découvrit leur retraite, et livra la reine qui avait été sa bienfaitrice. Après la mort de Brunehaut, on ignore ce que devint Theudelinde.

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