LA FRANCE PITTORESQUE
18 janvier 1826 : mort d’Ommeganck, peintre
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Publié le samedi 21 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Ommeganck a continué avec gloire cette longue suite de peintres à qui l’école flamande doit la page si brillante qu’elle occupe dans l’histoire des arts. Élève d’Anlonissens, il est sans contredit le plus bel ouvrage de ce maître.

Ommeganck, dès ses plus jeunes années, manifesta d’étonnantes dispositions. A la vue des premières études qu’il fit d’après nature, on put non-seulement présager ses succès, mais prévoir encore qu’il saurait rivaliser avec les maîtres anciens, et imprimer en même temps à ses productions le cachet de l’originalité. Cependant son exécution lisse, polie, sans abandon, décelait moins d’abord une main facile qu’une application trop minutieuse, et un désir trop scrupuleux de bien faire. Alors aussi sa couleur monotone, quoique assez vraie, laissait à regretter qu’il ne cherchât pas les moyens de produire plus d’effet. Mais bientôt, éclairé sur les vices d’une pareille manière, Ominegauck suivit une route opposée, et ne tarda pas à se distinguer par une touche franche* nette et suave tout à la fois, par un coloris plein de chaleur, par des effets aussi naturels que piquants, où la lumière du soleil se reproduit avec une vérité qui va parfois jusqu’à l’illusion.

Dès cette époque Ommeganck promit, dans le paysage pastoral, un digne émule des Albert Guyp, des Dujordin, et il fut permis d’annoncer que son talent l’appelait à rendre à la peinture, en quelque sorte défaillante, un éclat et une vie nouvelle. Les précieuses qualités qu’il développa en firent rapidement un chef d’école, auquel la foule des copistes serviles ne manqua pas de s’attacher.

Toutefois il ne fut pas donné à Ommeganck de conduire jusqu’à la perfection cette manière originale et brillante. Les moutons, couverts d’une laine si propre, si bien peignée, qui figurent dans ses tableaux, attestent assez qu’il ne parvint jamais à se corriger entièrement de ses premiers défauts. Il a d’ailleurs imprimé quelquefois à ces animaux un air de vivacité peu conforme au caractère stupide qu’ils ont reçu de la nature. Les ouvrages d’Ommeganck pèchent encore contre les lois de la vérité, en ce qu’il a répandu une teinte trop bleue sur les corps blancs éclairés par la seule lumière du ciel.

Malgré ces reproches, qu’un goût sévère peut adresser à Ommeganck, quoiqu’il ne se soit montré en outre ni suffisamment varié dans ses compositions, ni dessinateur assez correct, les bons tableaux de cet artiste appartiendront toujours de droit aux cabinets les mieux composés.

Ommeganck est mort à Anvers, sa ville natale. Il était membre de l’Institut royal des Pays-Bas, et chevalier de l’ordre du Lion- Belgique. — Ulysse Tencé.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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