Samuel Garth, médecin-poète, naquit vers 1672, dans le comté d’York. Son principal titre à la célébrité est un poème héroï-comique, en six chants, qu’il composa pour se venger des médecins et pharmaciens de Londres, dont il s’était attiré la haine en secondant la belle et utile institution des dispensaires, c’est-à-dire des salles de consultations gratuites en faveur des pauvres malades.
Cette production littéraire, dont le sujet est une bataille livrée entre les médecins et les apothicaires, a les qualités et les défauts du genre anglais ; les idées y sont pleines de finesse, et les pensées de profondeur ; mais la composition est fort irrégulière ; des digressions déplacées font à chaque instant perdre de vue le sujet, et les descriptions, quoique riantes, sont en général trop chargées.
Garth a écrit aussi, en commémoration de la grande découverte de Harvey, un discours dans lequel il attaque tous les genres de charlatanisme, et les accable de mordantes épigrammes. Ses talents poétiques, son esprit cultivé, ses manières agréables, et son dévouement au parti des Whigs, lui procurèrent des protecteurs puissants et même les bonnes grâces du roi Georges Ier, qui le fit chevalier. Aussi eut-il bientôt une pratique fort étendue et jouit-il de toutes les faveurs de la fortune. Cependant son désintéressement était tel, qu’on a dit de lui qu’aucun médecin ne savait mieux son état, ni moins son métier. La première partie de cet éloge est exagérée, car Garth fit d’assez courtes études. D mena une vie très-dissipée, et la médecine ne lui est pas redevable du plus mince opuscule. Les connaissances médicales sont ce dont un médecin a le moins besoin pour réussir dans le monde, où l’esprit et les manières passent avant la science et le talent.
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