LA FRANCE PITTORESQUE
18 janvier 1547 : mort du Cardinal Pierre Bembo
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Publié le samedi 21 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Contemporain de l’Arioste et du Tasse, Bembo contribua par ses travaux philologiques à fixer la langue italienne, que les deux autres enrichissaient par des chefs-d’œuvre. Il ne possédait pas moins bien la langue latine, dans laquelle il écrivit des livres d’histoire et de nombreuses poésies ; mais, soit qu’il employât l’un ou l’autre idiome, le caractère de son style était l’imitation, principe mort, dont l’adoption décèle toujours un esprit médiocre. Dans la prose latine, c’étaient les formes cicéroniennes ; dans la poésie italienne, c’était le tour pétrarchesque que Bembo s’attachait à reproduire. Il poussait jusqu’à un tel scrupule le soin vétilleux de là pureté du langage, qu’il avait quarante tiroirs ou cartons à travers lesquels ses écrits passaient, suivant le nombre des révisions qu’ils avaient subies, comme à travers quarante degrés d’épurations successives.

Bembo, né à Venise le 20 mai 1470, avait pour père un sénateur de cette ville aimant et cultivant lui-même la littérature. Au lieu d’entrer dans la carrière dus emplois publics, que son père lui ouvrait, il prit l’habit ecclésiastique, et quoique ses mœurs ne répondissent nullement à la sainteté de cette profession, l’indulgence pontificale ne lui en prodigua pas avec moins de libéralité les abbayes, les doyennés, les commanderies et les canonicats. Dans l’année 1539, Paul III, enchérissant encore sur ses prédécesseurs Léon X et Clément VII, lui accorda le chapeau de cardinal, auquel deux ans plus tard il ajouta un évêché. Telles sont les fastueuses récompenses dont le saint Siège honorait l’auteur de poésies licencieuses, l’amant reconnu de la fameuse Lucrèce Borgia, l’homme qui passa vingt-deux ans de sa vie avec une fille appelée Morosina, dont il eut plusieurs enfants. Presque à la même époque, le Tasse vivait dans la persécution et dans la misère.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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