LA FRANCE PITTORESQUE
Histoire de France : année 1541
(Règne de François Ier depuis le 1er janvier 1515)
Publié le vendredi 9 avril 2010, par Redaction
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Quoique le roi voulût changer de politique, et renouer ses liaisons avec les ennemis de l’empereur, il ne put plus inspirer aux protestants d’Allemagne aucune confiance ; ils aimaient mieux encore s’abandonner aux princes autrichiens que se fier à lui. Dans son dépit, il recommença à presser le supplice des protestants français ; il chargea le sieur de Rincon de retourner auprès de Soliman.

Tous les efforts de François Ier tendaient à livrer l’Allemagne et l’Italie aux Turcs ; il ne tint pas à lui que la religion, la liberté et la civilisation ne fussent détruites dans les pays d’où elles se sont répandues sur toute l’Europe. Antonio Rincon repartit pour faire un troisième voyage à Constantinople, et reporter au sultan le traité d’alliance qu’avait accepté le roi de France. Il avait beaucoup de corpulence, les longs voyages le fatiguaient, et il s’obstina à traverser la Lombardie, comptant pouvoir le faire de nuit et déguisé.

Il fut assassiné le 3 juillet 1541, sur le Pô, qu’il descendait en bateau, par des gens qu’avait postés le marquis de Guasto, gouverneur du Milanais. François témoigna hautement son indignation de ce qu’on avait violé, disait-il, dans son envoyé, le sacré caractère des ambassadeurs. Il pouvait cependant d’autant moins réclamer pour Rincon leur privilège que, loin de l’avouer, il avait toujours repoussé comme une calomnie toute mention de ses négociations avec la Porte. Il se hâta de dépêcher un nouvel envoyé au sultan, dont les victoires lui rendaient l’alliance plus désirable.

A la fin de juillet 1541, Ferdinand d’Autriche, frère de l’empereur, avoit été défait devant Bude par Soliman II, dans une grande bataille, en sorte que toute l’Europe occidentale était ouverte aux Musulmans. Vers le même temps et pour faire diversion, Charles V s’était embarqué à la Spezzia avec la plus brillante armée, se dirigeant vers Alger, où il avait l’espoir d’écraser Barberousse : ce fut lui, au contraire, qui, assailli par d’horribles tempêtes, perdit et son armée et sa flotte sur la côte d’Afrique. La maison d’Autriche semblait accablée par ce double revers. François Ier jugea que le moment était propice pour recommencer contre elle les hostilités.

La guerre à laquelle François Ier se résolut en 1541 était déjà la cinquième de son règne, ce fut aussi la dernière. Elle était entreprise sans motifs raisonnables ; elle était l’effet de l’impatience, de la mauvaise humeur d’un homme toujours souffrant et toujours mortifié dans sa vanité. Elle fut conduite avec moins de bon sens encore qu’aucune des précédentes. L’art de la guerre avait cependant fait des progrès en France même, et François était secondé par beaucoup d’excellents officiers et par quelques bons capitaines ; mais il était trop absolu pour que l’expérience ou le savoir des autres pussent servir à l’éclairer, trop violent pour ménager ses peuples et trouver en eux des ressources, trop ignorant pour se faire une juste idée de ses forces, trop troublé par le souvenir de sa défaite à Pavie pour savoir profiter de la bravoure de ses soldats et de l’audace qui avait fait le fond de son propre caractère.

La paix était alors plus que jamais nécessaire au rétablissement de ses finances ; il y renonçait, non pour repousser un danger dont il se crût menacé, non pour se laver d’une injure qui compromît sa dignité, mais pour faire une conquête à laquelle il s’attachait avec le caprice d’un enfant. Toutefois, quoique le désir passionné de recouvrer le Milanais fût le seul motif de François pour renouveler les hostilités, il ne tenta aucune opération militaire qui pût avoir ce résultat.

Dispute entre le duc de Montpensier et le duc de Nevers sur la baillée des Roses au parlement. Le parlement ordonna que le duc de Montpensier les baillerait le premier, en raison de sa qualité de prince du sang, quoique le duc de Nevers fût plus ancien pair que lui ; et si pourtant l’édit de Henri III, qui réglait ainsi les rangs, ne fut donné qu’en 1576 ; mais Du Tillet nous apprend que ce ne fut pas précisément la qualité de prince du sang qui obtint la préférence au duc de Montpensier sur le duc de Nevers, mais l’union des deux qualités de prince et de pair.

Le chancelier Poyet, toujours poursuivi par la duchesse d’Etampes, et coupable en effet de malversations, est emprisonné. Son procès lui fut fait, et, par arrêt rendu en 1545, il fut notamment dégradé de sa charge. François de Montholon fut commis à la garde des sceaux ; deux choses sont à remarquer à cette occasion : l’une, qu’il prêta serment entre les mains du cardinal de Tournon, en l’absence du roi ; l’autre, que Henri dauphin le commit pareillement à la garde des sceaux du duché de Bretagne, en qualité de duc de Bretagne.

Décret du parlement d’Irlande, par lequel il est dit que Henri VIII et ses successeurs seront désormais nommés rois d’Irlande. Ce royaume était sous la domination des rois d’Angleterre depuis Henri II. Soliman s’empare de la Hongrie.

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