LA FRANCE PITTORESQUE
1er mars 886 : mort de l’empereur Basile 1er,
dit le Macédonien
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Publié le jeudi 1er avril 2010, par LA RÉDACTION
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Ce prince est un des plus singuliers exemples du caprice de la fortune. Il était né de parents voisins de l’indigence, dans un bourg de cet empire qu’il devait un jour gouverner. Ce bourg était près d’Andrinople, et les Bulgares s’étant en 813 emparés 4e cette ville, emmenèrent avec eux le jeune Basile, qui ne redevint libre qu’à la paix. Il se rendit à Constantinople à l’âge de vingt et un ans ; il y arriva, dit-on, la nuit, dans une détresse affreuse, et ne trouva d’asile que sous le portique d’une église, dont le gardien devint son protecteur. On a voulu faire, après coup, un miracle de cette charité d’un homme attaché à l’église, on a prétendu qu’une vision surnaturelle avait averti le gardien que le mendiant couché sur la pierre occuperait un jour le trône. L’histoire n’accueille point de telles visions.

Basile, par l’intercession de son hôte, entra comme écuyer chez un des officiers de l’empereur Michel III : il attira sur lui la faveur du monarque, en dressant habilement un cheval. Ce genre de mérite sembla ne pouvoir être payé que par une place de chambellan. La gloire fait des envieux. Le patrice Bardas trama la perte de Basile, qui, de son côté, décida l’empereur à faire arrêter Bardas. Il résulta de ces ambitions de cour une intrigue singulièrement croisée. Le fils de Basile, Léon, depuis surnommé le Philosophe, vendait les secrets de son père à Bardas, qui, à son tour, était trahi par son neveu Symbace, dévoué à Basile.
Une réconciliation eut lieu ; Michel et Basile jurèrent sur l’Évangile de ne rien tramer contre le patrice. À quelque temps de là, Basile assassina son ennemi sous les yeux mêmes de l’empereur, complice de son serment. Michel le récompensa en l’associant à l’empire. Plus tard, Basile égorgea son bienfaiteur, pendant qu’il était plongé dans le sommeil de l’ivresse. C’est ainsi que dans l’histoire du Bas-Empire dominent alternativement le ridicule et l’horreur.

Maître de l’Empire par un crime, Basile s’occupa de querelles religieuses ; il persécuta Photius et les Manichéens ; il eut du moins l’adresse de contenir les barbares et le courage de les combattre. Il triompha des Sarrasins, en Italie, en Orient, sur les côtes de la Grèce et de l’Ionie. Photius, d’abord sa victime, reprit plus tard un grand ascendant sur lui, et n’en usa que pour perdre Léon, l’un des fils de Basile, dans l’esprit de son père. L’empereur fut sur le point de faire mourir ce fils, accusé de méditer un parricide. Une anecdote fabuleuse trouve ici sa place. On prétend que Basile ne fut ramené à des sentiments plus paternels que par la voix d’un perroquet accoutumé à répéter : « Pauvre Léon ! » Basile, après un règne de vingt ans, mourut d’une blessure qu’un cerf lui fit à la chasse.

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