LA FRANCE PITTORESQUE
12 février 1542 : exécution de
Catherine Howard, reine d’Angleterre
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Publié le samedi 20 mars 2010, par LA RÉDACTION
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Ainsi que l’infortunée Anne Boleyen Catherine Howard était nièce du duc de Norfolk : séduit par sa beauté, par sa jeunesse, par son caractère aimable, Henri VIII se hâta de rompre les nœuds qui l’unissaient, depuis quelques mois seulement, à la disgracieuse Anne de Clèves, et peu de temps après la sentence de divorce, Catherine fut proclamée reine d’Angleterre (8 avril 1540).

Dans l’ivresse de ses nouveaux plaisirs, Henri ne dissimula pas son amour pour celle qui les lui donnait. Mêlant toujours la dévotion à la licence il institua dans sa chapelle une prière spéciale, destinée à rendre grâces au ciel de son bonheur, et il voulut que l’évêque de Lincoln composât un hymne sur le même sujet. La prière devait bientôt se changer en un bill du parlement, et l’hymne en un chant de mort.

Catherine, la jeune, l’aimable, la séduisante Catherine, ne s’était pas toujours conservée pure et intacte : avant d’être admise à la couche d’un roi, elle avait admis plusieurs simples mortels à la sienne. Un nommé Lascelles, dont la sœur, autrefois attachée au service de la vieille duchesse de Norfolk, avait été élevée avec Catherine, vint faire au primat Cranmer de graves révélations : il indiquait les circonstances, et nommait les coupables. Comme en un cas pareil il n’était pas moins dangereux de se taire que de parler, Cranmer consulta le chancelier et le comte de Hertford : suivant leur avis unanime, il remi au roi un mémoire explicatif et détaillé sur un point d’histoire qui le touchait de près.

Henri traita d’abord le récit de fable ridicule. Cependant il ordonna d’éclaircir les faits. On interrogea Lascelles, on questionna sa sœur. On arrêta deux officiers de la vieille duchesse, Mannoc et Derham, accusés d’avoir partagé les faveurs de Catherine. Les plus tristes lumières jaillirent de cette enquête ; il en résulta que, même depuis son mariage, Catherine n’était pas à l’abri de tout soupçon. Quand on lut au roi les divers interrogatoires, il garda longtemps un morne silence, puis il fondit en larmes.

Interrogée à son tour, Catherine commença par se renfermer dans une dénégation complète ; mais forcée d’abandonner ce système, elle avoua les fautes commises pendant qu’elle était libre, en persistant à soutenir que jamais elle n’avait trahi la foi conjugale. Cette déclaration, au moins douteuse, ne put la sauvée.

Le tyran, blessé dans son amour propre plus encore que dans son amour, s’adresse au Parlement, ministre ordinaire de ses vengeances : les deux chambres, lui répondent en l’invitant « à ne pas s’affliger d’un accident désagréable, auquel tous les hommes sont sujets ; à considérer la fragilité de la nature humaine, ainsi que les vicissitudes des choses de ce monde et à tirer de ce coup d’œil philosophique un moyen de consolation. » Elles lui demandent en outre la permission de lancer un bill d’attainder contre la reine et ses complices. Henri n’était pas homme à refuser une grâce de ce genre : les parents, les amis de Catherine sont enveloppés dans la proscription.

C’est alors que le Parlement rendit cette loi fameuse, dénoncée à tous les siècles comme un modèle accompli d’absurdité et de barbarie ; par cette loi, toute personne qui, instruite d’une infidélité de la reine, n’en avertissait pas le roi ; toute fille qui, épousant un roi d’Angleterre et n’étant plus vierge, n’en faisait pas l’aveu devait être punie de mort. Le peuple s’égaya surtout de cette dernière clause, et dit que le roi ferait bien à l’avenir de n’épouser que des veuves : c’est en effet le parti qu’il prit, en épousant Catherine Parr. (voy. 12 Juillet 1545.)

Le lendemain même de l’adoption de cette loi, Catherine Howard et lady Rochefort montèrent sur l’échafaud. Le sort de lady Rochefort, confidente des égarements de la reine, n’excita aucune pitié ; on n’oublia pas qu’elle s’était portée accusatrice contre son mari et contre Anne Boleyn, sa belle-soeur. On n’oublia pas non plus que Catherine, cédant aux insinuations du duc de Norfolk son oncle en faveur du catholicisme, avait animé l’intolérance royale et réclamé plusieurs fois contre les réformés l’exécution du statut de sang (bloody bill). Ce souvenir contribua peut-être à diminuer l’horreur d’un châtiment si peu proportionné à la faute dont il était la conséquence, (voy. 28 Janvier 1747, Mort de Henri VIII.)

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