LA FRANCE PITTORESQUE
11 février 1818 : déposition du Peishwa
et abolition de ce titre
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Publié le vendredi 19 mars 2010, par LA RÉDACTION
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Si la puissance britannique est désormais établie dans l’Inde avec tant de force et d’empire, elle le doit surtout aux division habilement semées entre les chefs indous, mahométans ou mahrattes qui occupaient ce pays. Cependant, au milieu même des discordes éternelles de ces chefs, il régnait un sentiment d’orgueil national qui se révoltait contre le joug étranger. « II y avait, dit un historien, entre ceux même qui paraissaient le plus soumis à la puissance britannique, des relations secrètes qui tendaient à opérer la délivrance commune : le Peishwa de Poonali était comme l’âme des complots dirigés contre elle. Les Pindarries, qui furent la cause ou le prétexte de la guerre, avaient été attirés du nord dans les plus riches provinces du Decan. Leurs chefs avaient reçu dans les pays soumis à Holkar, à Scindiah, au rajah de Dehrar, des espèces de fiefs (jaghires), en vue de s’en faire des appuis. Les déprédations qu’ils commettaient sur des sujets anglais étaient désavouées ; mais elles se renouvelaient à chaque instant. Enfin l’Inde était agitée par des mouvements qui faisaient présager une confédération prochaine et générale, Iorsque le gouverneur général marquis d’Hastings prit la résolution de compléter le plan conçu dès longtemps, poursuivi sans relâche par ses prédécesseurs, c’est-à-dire la conquête absolue de la péninsule, projet que plusieurs puissances n’auraient pas vu jadis avec indifférence, mais auquel les distractions des affaires de France et d’Allemagne fermaient alors tous les yeux.

La confédération nouvelle que le marquis d’Hastings avait à redouter se composait du Peishwa, reconnu comme le chef de la confédération mahratte, du rajah de Behrar ou Nagpoore, du jeune Holkar, de Scindiah et d’Ameer-Khan : tous ces chefs réunis pouvaient mettre en campagne trois à quatre cent mille hommes, deux cents éléphants, et six cents pièces de canon. Le marquis d’Hastings régla l’importance de ses préparatifs sur l’audace et la difficulté de l’entreprise. L’armée anglaise, séparée en trois corps, devait partir en même temps de Calcutta, de Madras et de Bombay, sur une ligne de sept à huit cents lieues.

Vers les premiers jours d’octobre 1817, le gouverneur se mit lui-même à la tête de l’armée du Bengale : quatre mois plus tard l’expédition était achevée, et la péninsule indienne totalement soumise. Au commencement de la guerre, il n’était question que de la destruction des Pindarries, désirable pour les puissances pacifiques ; mais après la défaite du rajah de Behrar, de Jeswunt-Roa-Row, d’Holkar, et la prise des plus importantes forteresses, le plan du gouverneur général marquis d’Hastings se développa tout entier. Une proclamation du résident à Poonah, sir Mount-Stuart-Elpinstone, publiée dans le Decan le 11 février, annonça définitivement la déposition du Peishwa, l’abolition de ce titre, qui donnait un chef à la confédération mahratte, et l’intention de rendre une faible partie de ses états à un jeune prince, petit-fils du rajah Raghoo-Gee-Bhoosla, détrôné par l’un des agents du Peiswha, qui l’avait tenu renfermé dans la citadelle de Sattarah. L’histoire de l’Inde est pleine de ces détrônements que la politique anglaise y a encore multipliés. » Voici l’aperçu des avantages qui résultèrent pour la puissance anglaise de cette expédition, et des pertes qu’elle lui coûta :

« Le butin partagé entre les corps de l’armée est immense ; le revenu de la compagnie a été porté de 8 ou 10 millions sterling à 18 (332,000,000 fr.). Tout l’espace compris entre le Gange et l’Indus, le cap Cormorin et les monts Hymalaia, a été directement assujetti à la puissance britannique.

On a calculé que cette campagne, entreprise avec une armée de quatre-vingt-dix à quatre-vingt-quinze mille hommes, en avait coûté plus de trente-cinq mille, moissonnés par le fer ou par le cholera-morbus, qui enleva dans un mois plus de deux cent vingt mille individus dans la seule province du Bengale.

Le retour du gouverneur général marquis d’Hastings à Calcutta fut célébré, comme un triomphe. Les habitants anglais de cette vaste et opulente cité lui présentèrent une adresse de félicitation, à laquelle il répondit par une espèce de mémoire sur les causes et les résultats de la guerre, qui fut inséré ensuite dans la gazette de Calcutta, comme si le succès d’une campagne si glorieuse avait eu besoin d’une justification. »

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