LA FRANCE PITTORESQUE
11 février 1814 : combat de Montmirail
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Publié le vendredi 19 mars 2010, par LA RÉDACTION
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La victoire de Champ-Aubert avait coupé l’armée de Silésie par le centre : Napoléon se trouvant ainsi placé entre ses deux ailes, les obligeait à fuir devant lui, ou à accepter un combat dont toutes les chances lui étaient favorables. Dès qu’il s’est assuré le succès de la journée (voy. 10 février 1814) il envoie au maréchal Macdonald, qui s’était retiré à Meaux, l’ordre de reprendre vivement l’offensive. Le même jour, à minuit, il dirige sur Montmirail une brigade de la division Ricard, les dragons et lanciers de la garde, que commandaient les généraux Edouard Colbert et Laferrière, sous les, ordres du général Nansouty. A leur arrivée, ces différents corps prennent ou mettent en, fuite cinq à six cents Cosaques.

Le 11 février, vers cinq heures, Napoléon laisse le maréchal Marmont avec la cavalerie du général Grouchy et la division. Lagrange à Etoges pour surveiller le maréchal Blùcher, dont le quartier-général n’avait pas encore quitté les Vertus. Avec le reste de ses troupes il marche sur Montmirail.

« C’était à qui seraient les premiers à Paris des soldats de Blücher et de ceux de Schwarzenberg. Les Prussiens s’efforçaient de prendre les devants sur tous ; déjà le général York voyait les clochers de Meaux. Le général russe Sacken,qui le soutenait, était à La Ferté. Deux marches encore, et ils bivouaquaient au pied de Montmartre ! Tout-à-coup les Prussiens s’arrêtent ; les Russe les rappellent à grands cris ; la nouvelle du combat de Champ-Aubert leur est arrivée avec la rapidité de la foudre ; et toutes ces colonnes, reployées en grande hâte les unes sur les autres, ne pensent plus qu’à se rouvrir un passage vers leur général en chef. Notre armée, qui s’avançait au-devant d’elles, les rencontre le 11 au matin ; notre avant-garde sortait de Montmirail par la route de Paris ; elle les arrête, et le combat s’engage aussitôt : il est sanglant. A trois heures après midi, le duc de Trévise, qui était resté en arrière avec la vieille garde, rejoint l’armée par la route directe de Sézanne à Montmirail.

Napoléon ordonne alors une attaque décisive et générale. A droite de la route, en regardant Paris, le maréchal Ney et le duc de Trévise se mettent à la tête de la garde et enlèvent la ferme des Grenaux, autour de laquelle l’ennemi s’était établi en force ; à gauche, le général Bertrand et le duc de Dantzick vont mettre fin au combat que le général Ricard soutient depuis le commencement de la bataille au village de Marchais. Les Russes et les Prussiens renoncent alors au projet de forcer le passage par Montmirail : ils se retirent à travers champs sur Château-Thierry, dans l’espoir de rentrer en communication avec le maréchal Blücher par la seconde route de Châlons qui côtoie la Marne. Napoléon couche sur le champ de bataille dans cette même ferme des Grenaux où le combat a été si opiniâtre. Les valets de pied enlèvent les morts de deux petites pièces où le quartier impérial s’établit ; et ce qui reste de paille et d’abri dans cette ruine est consacre à l’ambulance. »

La victoire de Montmirail mit en notre pouvoir quinze cents prisonniers, six drapeaux, vingt-six bouches à feu : le nombre des morts dans les rangs ennemis dépassa quatre mille : celui des nôtres fut extrêmement faible. Par suite des fautes de Blücher, les corps d’Alsusiew et de Sacken venaient d’être complètement défaits : restait celui du général York (voy. 12 février) : restait enfin Blücher lui-même (voy. 14 février). Tous deux reçurent leur part des grandes leçons militaires que le génie de Napoléon donnait encore.

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