LA FRANCE PITTORESQUE
8 février 1806 : invasion de Naples
par les Français
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Publié le lundi 1er mars 2010, par LA RÉDACTION
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Un trône dont la base trempe dans le sang glisse et tombe au moindre choc. Le roi des Deux-Siciles, Ferdinand Ier, et la reine Marie-Caroline l’éprouvèrent deux fois en peu d’années : la première, quand le général Championnet s’empara de Naples, et tenta d’établir la république parthénopéenne (voy. 20 Janvier 1799) la seconde, quand Napoléon, vainqueur à Austerlitz, ordonna l’occupation de leur royaume au profit de l’un de ses frères, qui devait y jouer le rôle de son lieutenant.

II n’est pas dans l’histoire de page plus terrible plus dégoûtante que celle qui retrace la première restauration de Ferdinand. Ni le rang, ni le sexe, ni l’âge ne furent épargnes ; les potences s’élevaient aux accents frénétiques d’une joie barbare ; et, quand la cour reparut dans Naples, on illumina jusqu’aux échafauds, il y eut des bals au milieu des supplices. Pour attribuer à chaque personnage la part qui lui revient dans ces horribles scènes, il faut dire que la reine Marie-Caroline en était l’âme, et que Ferdinand se bornait au rôle passif de témoin. (voy. 4 janvier 1825, mort de Ferdinand Ier.) La reine avait pour complices et pour instruments de ses fureurs, cette fameuse lady Hamilton, à laquelle Nelson prostituait sa gloire, le ministre Acton, et le cardinal Ruffo. (voy. 24 Juin 1799, Rupture de la capitulation de Naples, et 16 Janvier 1815, Mort de lady Hamilton.)

« Ce système impolitique d’aveugle cruauté dura longtemps, » et se serait prolongé encore, si la victoire de Marengo, en frappant de crainte le cabinet dé Naples, ne l’avait force’ d’adopter » des principes moins désastreux. Il accorda enfin une amnistie aux révolutionnaires napolitains : il en restait peu à immoler. Bonaparte, bien qu’abusé plusieurs fois par la politique fallacieuse de Naples, consentit, par égard pour l’Espagne, à reconnaître diplomatiquement sa neutralité. » Un traité fut conclu sur cette base entre l’empire français et le royaume de Naples, le quatrième jour complémentaire de l’an XIII (21 septembre 1806).

Malgré cet engagement solennellement juré, la reine, dans un voyage qu’elle fait à Vienne, s’associe à la nouvelle coalition formée contre la France, et Naples reçoit une armée anglo-russe. Depuis quelques mois, Ferdinand avait rappelé les Jésuites : à de telles oeuvres, on reconnaît leur présence.

Napoléon triomphe dans les champs d’Austerlitz, et, du haut de sa puissance, il prononce en ces termes la sentence de Ferdinand : « La maison de Naples a perdu la couronne sans retour ; la presqu’île de l’Italie tout, entière fait partie du grand empire. A cette voix, qu’elle prend pour l’organe même du destin, la cour de Naples s’épouvante ; sans attendre l’arrivée de Masséna, qui s’avance rapidement vers la Campanie, elle se hâte, selon sa coutume, de s’enfuir et d’aller se cacher derrière les rochers de la Sicile. Bientôt l’armée française pénètre dans Naples, dont la garnison déposant les armes se rend à discrétion, et les canons des forts annoncent l’entrée triomphale de Joseph Bonaparte » (voy. 20 mars 1806.)

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