LA FRANCE PITTORESQUE
8 février 1204 : Alexis IV, dit le
Jeune empereur de Constantinople
étranglé dans sa prison
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Publié le samedi 27 février 2010, par LA RÉDACTION
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8 février 1204 : Alexis IV, dit le Jeune, empereur de Constantinople, est étranglé dans sa prison. Alexis III, surnommé l’Ange, en détrônant son frère Isaac, avait jugé suffisant de lui faire crever les yeux ; mais ce prince, usant du peu de liberté que l’usurpateur lui laissait, entretint des relations avec l’Occident, et chargea son fils, aussi nommé Alexis, de lui trouver des vengeur.

A cette époque les chefs de la cinquième croisade étaient rassemblé à Venise : plusieurs d’entre eux avaient des ressentiments particuliers contre Alexis III. Le jeune Alexis les trouve donc disposés à embrasser sa querelle ; malgré l’opposition du pape, la flotte met à la voile et cingle vers Constantinople. D’abord la haine que les Grecs portent aux Latins leur tient lieu d’amour pour leur monarque : plusieurs attaques dirigées par les Vénitiens et les Français sont repoussées. Tout-à-coup le jeune Alexis et les croisés apprennent que le tyran, saisi d’effroi, s’est sauvé pendant la nuit, qu’Isaac a été tiré de prison et remis sur le trône, où il attend sou fils, pour le partager avec lui.

Six mois de règne préparèrent la chute du père et du fils. La faiblesse, l’indolence d’Alexis égalaient à peine l’imbécillité d’Isaac. Les croisés, auxquels ils devaient le trône, réclamaient hautement le prix de leurs services, et comme l’épuisement des finances de l’Empire ne permettait pas de l’acquitter, Constantinople avait à souffrir de leurs vexations et de leur insolence.

Un troisième Alexis, surnommé Murzuphle (à cause de l’épaisseur de ses sourcils), avait captivé les bonnes grâces de l’empereur : sous prétexte de le servir, il songeait à s’emparer de ses dépouilles. Une nuit, Alexis le Jeune est arrêté par l’ordre d’Alexis Murzuphle ; à cette nouvelle, Isaac meurt d’effroi. Deux fois on donne du poison à l’empereur captif, deux fois il évite la mort.

Averti par l’exemple d’Alexis III, Murzuphle ne veut pas laisser la vie à celui qu’il détrône. Il descend lui-même dans le cachot, et après avoir dîné avec sa victime, il l’étrangle de ses propres mains ; ensuite il lui brise les os à coups de massue, pour faire croire que le prince est mort à la suite d’une chute.

Ainsi périt un souverain dans lequel six mois de règne n’avaient pas développe une seule vertu digne du rang suprême. (voy, 12 avril et 9 mai 1204.)

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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