LA FRANCE PITTORESQUE
7 février 1752 : un arrêt supprime les
deux premiers volumes de
l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert
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Publié le samedi 27 février 2010, par LA RÉDACTION
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L’Encyclopédie avait été annoncée comme un ouvrage destiné à répandre des flots de lumière sur l’Europe, à ébranler tous les préjugés, à saper toutes les vieilles croyances. Le gouvernement s’effraya d’abord d’une publication qui le menaçait dans tous ses points d’appui : il se rassura ensuite par l’espoir que jamais on ne pourrait mettre en mouvement une machine si compliquée ; il se trompait.

Deux volumes de l’Encyclopédie parurent en 1761 : chacun, jugea l’ouvrage d’après les idées qu’il s’en était faites d’avance. « Le gouvernement, dit M. Lacretelle, né pouvait s’habituer à entendre les préceptes d’administration qui lui étaient donnés, ni la critique indirecte de ses actes les plus récents. Lé clergé et les Jésuites sonnèrent l’alarme sur d’autres points. L’article Ame, où l’on crut voir un matérialisme faiblement déguisé, fut livré à la censure. Tout prit parti pour ou contre l’Encyclopédie. C’était la marquise de Pompadour qui devait prononcer sur le sort de ce monument. Elle encourageait ou réprimait les philosophes, suivant les calculs de sa politique, et plus souvent encore suivant ses caprices. Quand le clergé bravait l’autorité royale, les productions les plus hardies étaient reçues avec quelque indulgence. Se voyait-on réduit à satisfaire le clergé, tout, jusqu’aux lieux-communs de la nouvelle philosophie, devenait un sujet d’accusation. Le Dictionnaire encyclopédique fut particulièrement exposé à cette alternative de faveur, et de défiance. Le 7 février 1752, il fut supprime par un arrêt du conseil, comme contraire à la religion et à l’Etat ; on crut que ses principaux auteurs n’échapperaient point à la proscription ; Diderot surtout était menacé de retourner au donjon de Vincennes, où quelques passages satiriques de ses Lettres sur les aveugles l’avaient fait enfermer deux ans auparavant. Au bout de quelques mois, Diderot, d’Alembert étaient en honneur à la cour. La suppression du Dictionnaire encyclopédique était regardée comme un acte pusillanime : on riait des inquiétudes qu’il donnait aux Jésuites ; et les prédictions dont ceux-ci effrayaient le gouvernement, semblaient suggérées par le dépit de voir éclipser leur Dictionnaire de Trévoux. L’Encyclopédie reparut avec toute la faveur de la mode. »

Cinq nouveaux volumes furent publiés successivement, et excitèrent des réclamations qui provoquèrent de nouvelles rigueurs.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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