LA FRANCE PITTORESQUE
4 février 1752 : mort de Louis, duc d’Orléans
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Publié le samedi 20 février 2010, par LA RÉDACTION
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C’est un premier prince du sang, c’est le fils de ce Régent de France, si célèbre par sa valeur, par sa licence et par son impiété, que nous plaçons ici parmi ces hommes paisibles qui ont consacré leur vie entière à l’étude : l’excès du plaisir avait causé la mort du père, l’excès du travail causa celle du fils.

Né le 4 août 1703, élevé par l’abbé Mongault, le traducteur des lettres de Cicéron à Atticus, Louis d’Orléans ne répondit pas moins aux leçons littéraires qu’à l’enseignement religieux du savant instituteur. Et ce prince était le frère de la duchesse de Berry, de l’abbesse de Chelles, de mademoiselle de Valois ! lui seul donnait l’exemple de la pudeur, dont ses sœurs affichaient un si scandaleux mépris !

Marié en 1724 à la princesse de Bade, Louis-d’Orléans la perdit au bout de deux années, et dès ce moment il renonça au monde, se laissa dépouiller des charges que son père avait créées pour lui, et partagea tout son temps entre les exercices de piété, la culture des lettres et des sciences naturelles. Il finit par adopter une retraite dans l’abbaye de Sainte-Geneviève : de tous ses revenus, il ne garda qu’un million huit cent mille francs, dont une grande partie était consacrée à des œuvres de bienfaisance. Toujours entouré de savons, il encourageait et facilitait leurs expériences par sa générosité.

Voulant étudier la religion jusque dans ses sources, il apprit successivement l’hébreu, le syriaque, le chaldéen et le grec. Il possédait l’histoire ecclésiastique, la géographie, la chronologie, et n’était demeuré étranger à aucune science.

Au milieu de ces travaux assidus et de ces méditations austères, la mort le trouva plein de résignation et de calme. S’il faut en croire les mémoires du baron de Besenval, vers la fin de sa vie, l’imagination exaltée du prince lui avait persuadé qu’il ne naissait ni ne mourait personne, et Silhouette, son chancelier, était obligé de caresser cette chimère. Ce fait semblerait indiquer un dérangement d’esprit : mais il en est un autre, qui prouve que le prince mourant jouissait de toute sa tête : il défendit de poursuivre le curé de Saint-Etienne-du-Mont, qui lui avait refusé les sacrements sous prétexte de jansénisme, et se fit administrer par son aumônier. Il avait exprimé le désir que son corps fût livré à l’Ecole royale de chirurgie, pour servir d’instruction aux élèves.

Louis d’Orléans laissa plusieurs ouvrages, notamment une traduction littérale des Psaumes, faite sur l’hébreu, avec une paraphrase et des notes, et un Traité contre les spectacles. En apprenant sa mort, la reine s’écria : « C’est un bienheureux qui laisse après lui bien des malheureux. » Son histoire offre un argument victorieux contre le préjugé des ressemblances morales entre les personnes nées du même sang, et ce n’est pas le seul que fournisse sa famille.

Edouard Monnais

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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