4 février 1194 : Richard Cœur de Lion recouvre sa liberté

L’histoire n’a pas de tradition plus poétique que celle de la captivité de Richard. Un roi-chevalier, revenant de la Palestine sous le nom et l’habit d’un pèlerin, fait prisonnier par un due déloyal, et sauvé par un ménestrel généreux, voilà le souvenir touchant, bien qu’un peu vague, que toutes les imaginations en conservent.

Les dates principales de cet événement célèbre sont venues jusqu’à nous. C’est le ai décembre 1192 que le roi d’Angleterre, traversant les états du duc d’Autriche, fut arrêté non loin de Vienne : Léopold vengeait ainsi l’outrage reçu devant Ptolémaïs, lorsque l’ambitieux Richard, apercevant le drapeau de l’Autriche sur une des tours de la cité conquise, ordonna que ce drapeau fût jeté dans les fossés et foulé aux pieds.

L’année suivante (1193), Léopold vendit son prisonnier à l’empereur Henri VI. Eléonore, mère de Richard, après avoir vainement imploré ces deux princes, s’adressa au pape, qui les menaça de ses foudres, s’ils ne mettaient Richard en liberté.

Malgré cette intervention, d’ailleurs restée impuissante, la cour de Rome ne témoigna qu’un faible intérêt au roi captif. En Allemagne, l’opinion générale s’était si fortement prononcée contre lui, que l’empereur crut pouvoir le faire juger et condamner par une diète assemblée à Worms. Mais l’éloquence du monarque anglais triompha de ses accusateurs, et lui concilia la faveur des princes allemands : l’empereur lui-même se laissa émouvoir, jusqu’à accepter une somme considérable pour la rançon du noble prisonnier : on voit que chez lui l’attendrissement ne nuisait pas au calcul.

L’Angleterre paya deux cent cinquante mille marcs d’argent pour racheter son roi. Richard sortit de prison le 4 février, et reparut dans Londres le 20 mars 1194, aux acclamations universelles. Son départ avait épuisé le royaume ; son retour l’appauvrit encore. (voy. 6 Avril 1199, Mort de Richard Cœur de Lion.)