3 février 1811 : mort de Jean Beckmann, polygraphe allemand

Beckmann, né à Hoya, dans l’électorat de Hanovre, le 4 juin 1789, s’est frayé une carrière dans laquelle peu de personnes oseront marcher sur ses traces. N’attachant de prix au savoir qu’autant qu’on peut en tirer quelque utilité pratique, il conçut et exécuta le gigantesque projet de puiser dans toutes les sciences les moyens de réunir en un seul corps de doctrine et de soumettre à des règles positives les arts et les branches de l’administration domestique ou politique, qu’on avait abandonnés jusqu’alors à la routine ou plutôt au hasard. C’est à lui que l’économie rurale, la police, la science commerciale, la technologie, la connaissance des marchandises et l’administration financière doivent la forme scientifique sous laquelle on les présente aujourd’hui, et qui a contribué d’une manière si puissante aux grands développements qu’elles ont pris depuis.

Les hommes d’état et les administrateurs les plus distingués de l’Allemagne ont puisé une grande partie de leurs principes dans les savantes leçons qu’il fit pendant quarante-cinq ans à l’université de Gœttingue. Mais, en répandant ainsi le goût et en simplifiant l’étude des connaissances usuelles, il eut encore le mérite de cultiver le champ épineux de l’histoire littéraire avec une infatigable persévérance et une sagacité profonde, qui l’ont placé au même rang que les Haller, les Mosheim et les Michaelis, ces prodiges d’érudition.

Versé dans la plupart des sciences, et ayant au moins effleuré celles qu’il ne possédait point à fond, il consacra une partie de sa vie à fouiller les trésors inépuisables de la bibliothèque de Gœttingue, pour en tirer les matériaux de l’histoire des arts usuels, dont il suivit la marche depuis leur origine jusqu’au temps actuel, en accompagnant chaque article d’une bibliographie complète. Son histoire des découvertes dans les arts les plus communs est peut-être ce qu’il a publié de plus utile : elle réunit le mérite de la profondeur à l’attrait de la variété.

Jourdan.