Edmond de Goncourt avait aménagé le second étage de sa maison d’Auteuil pour y organiser des dimanches littéraires. Il appelait l’étage son « grenier », mais il n’en s’agissait pas moins de trois pièces reliées par une vaste baie.
« L’après-midi du dimanche, a écrit Léon Daudet, permettait à ceux qui étaient fonctionnaires de venir en ce quartier de ville, lointain comme une banlieue. Mon père venait régulièrement au Grenier, il en était l’âme et l’attraction.
« Émile Zola était lui aussi un habitué, quelquefois zézayant des aphorismes railleurs entre les rides de son visage canin, quelquefois susceptible, renfrogné, s’irritant de la moindre contradiction.
« Il n’aimait pas Goncourt qui ne l’aimait pas, et nous disions en riant que son assiduité avait pour objet d’empêcher, par sa présence, qu’on ne le débinât, dans sa personne ou dans son œuvre...
« Il n’était éloquent que sur ce thème : La vieillesse qui vient enlevant aux hommes la faculté d’aimer et d’être aimé. » Et Alphonse Daudet lui répondit en riant : « Fichtre, mon bon Zola, vous nous versez là un pot de cirage... »
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