LA FRANCE PITTORESQUE
Richarde
(née vers 845, morte après 887)
(Épouse Charles III le Gros (pas encore empereur
d’Occident ni roi de France) en 862)
Publié le lundi 1er février 2010, par LA RÉDACTION
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Charles le Gros, dernier fils de Louis le Germanique et d’Emma, épousa en 862 la belle Richarde, fille d’un roi d’Écosse. A la mort de son père en 876, Charles hérita de l’Alamanie (Suisse et Alsace), et connut dès lors une importante ascension que partagea son épouse. En 881, ses frères étant mort sans descendance mâle, il pouvait réunir tous les territoires de son père et fut fait empereur d’Occident, le couple étant couronné par le pape Jean VIII.

Une tête énorme, le front aplati, les yeux démesurément éloignés l’un de l’autre, le teint blafard, le cou court, des jambes torses, faisaient de Charles un prince difforme ; il était aussi mal fait d’esprit que de corps : une nuit, dans une de ses longues insomnies, il crut voir le diable et perdit presque la raison ; à la suite de violentes douleurs de tête, il subit une opération qui le laissa plus faible et plus maladif encore.

C’est dans cet état que la mort de Louis et de Carloman, fils de Louis le Bègue, laissant l’empire sans maître (884), on conféra à Charles le Gros les fonctions de régent de France. Le véritable héritier du trône de France, Charles le Simple, fils de Louis le Bègue et d’Adélaïde, fut en effet jugé trop jeune pour régner. Mais Charles le Gros reçut cette promotion sans joie ; il ne se plaisait que dans les montagnes de l’Helvétie dont l’air lui était favorable et diminuait la langueur à laquelle il était réduit.

Les Normands ayant pénétré jusque sous les murs de Paris (hiver 885-886), Charles y envoya une armée qui fut mise en déroute. Il en rassembla une seconde et s’avança jusqu’à Montmartre ; mais ce fut pour conclure de nouveau une paix honteuse avec les Normands, auxquels il céda la Normandie. Tant d’ineptie et de lâcheté ayant révolté toutes les nations soumises à l’empire de Charles le Gros, il crut apaiser leur ressentiment en leur livrant son premier ministre, l’évêque Luitward.

Mais il ne fit que s’avilir davantage par les accusations qu’il porta contre ce favori, qui l’avait longtemps gouverné. Sans égard pour son propre honneur, Charles poursuivit Luitward comme coupable d’un commerce criminel avec l’impératrice Richarde. Depuis qu’il s’était cru ensorcelé, il avait eu recours à des pratiques de dévotion outrées, à des exorcismes et à des austérités qui achevaient d’altérer ses facultés.

Il traduisit Richarde devant une diète, où il l’accusa publiquement d’adultère sans apporter aucune preuve, déclarant que dès ce jour même il la répudiait. Richarde était présente ; elle prit la parole, attesta avec larmes qu’elle était innocente ; elle offrit de se justifier par les épreuves du feu et de l’eau bouillante, ou de faire prouver son innocence en champ clos par un duel. Charles persista à la répudier et Richarde chercha un asile dans un monastère qu’elle avait fondé en Alsace. Elle fut depuis canonisée par le pape Léon IX.

Luitward se réfugia près d’Arnoul, duc de Carinthie, neveu de Charles, et sut engager ce prince à lever l’étendard de la révolte contre l’Empereur, son oncle. Celui-ci convoqua une assemblée des grands et des princes de son empire. Mais Arnoul s’y étant présenté avec des forces imposantes, y fit déposer l’Empereur (diète de Tribur en 887) qui fut remplacé par Eudes, comte de Paris.

Richarde donna un enfant à Charles le Gros, Carloman, né en 864 et mort en 876. Charles le Gros aurait eu un autre enfant, Bernard, vraisemblablement d’une concubine : né vers 881, il mourut en 892.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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