LA FRANCE PITTORESQUE
Chlodeswinthe Verica
(née vers 418, morte vers 449)
(Épouse Mérovée (roi des Francs Saliens) en 446 (?))
Publié le dimanche 31 janvier 2010, par LA RÉDACTION
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On sait de Verica, la femme de Mérovée ou Mérowig (éminent guerrier), qu’elle était fille d’un roi burgonde ; et saint Sidoine Apollinaire (431-487), évêque et écrivain de cette époque reculée, nous apprend dans quel appareil ce chef, pourtant encore barbare, dut aller chercher cette épouse.

« Le royal jeune homme était précédé et suivi de chevaux dont les caparaçons rayonnaient de pierreries ; sa chevelure ressemblait à l’or de ses vêtements ; son teint était aussi éclatant que l’écarlate de son habit ; sa peau égalait en blancheur la soie dont il était paré. Il s’avançait, à pied, entouré d’une troupe de chefs de tribus (regulorum) et d’un cortège de compagnons (antrustions) terribles à voir même au sein de la paix ; leurs pieds étaient chaussés de bottines velues ; leurs jambes étaient nues, et leurs vêtements, courts et serrés, descendaient à peine au jarret ; c’était une saie de soie verte bordée d’écarlate. Ils portaient des glaives suspendus à leurs épaules par de riches baudriers, des lances recourbées, des haches de jet et des boucliers doublés de fer et de cuivre bien poli. »

C’est, dit-on, en l’année 448 que Mérovée fut élu chef, des Francs. A ce moment encore ceux-ci avaient fréquemment à repousser les attaques des Romains qui voulaient empêcher leurs envahissements successifs dans la Gaule romaine. Deux ans avant que le vaillant guerrier fût désigné pour succéder à son père Clodion, eut lieu un événement dont le récit, dû à un panégyriste romain, est peut-être plus curieux qu’impartial.

Il prétend qu’un jour que les Francs étaient occupés a célébrer les noces d’un de leurs chefs, ils furent surpris à l’improviste par le gouverneur romain Aétius, dans les environs d’un pays qui correspond aujourd’hui à Arras. « Tandis, écrit-il, que les barbares (il désigne ainsi les Francs), pris au dépourvu, saisissaient leurs armes, les apprêts du festin et les grandes marmites parées de guirlandes s’entassaient pêle-mêle sur les chariots ; mais les voitures, avec ce qu’elles contenaient, et l’épousée, aussi blonde que son mari, tombaient entre les mains des vainqueurs. »

Cette épousée était-elle la femme de Mérovée ? C’est ce que l’historien oublie de nous dire ; toujours est-il que cette défaite n’eut pas une importance capitale au point de vue de l’établissement des Francs, puisque du règne de Mérovée date leur constitution nationale en Gaule et le nom de Mérovingien qui fut donné plus tard à tous les souverains de la première dynastie.

Sainte Geneviève distribuant des vivres

Sainte Geneviève
distribuant des vivres

Cette célébrité qui entoura le nom de Mérovée vint surtout de sa vaillance et du courage qu’il déploya contre le terrible Attila, le Fléau de Dieu, qui se vantait que l’herbe ne repoussait jamais où son cheval avait passé. Tous les peuples de la Gaule s’étaient réunis aux Romains pour combattre ce cruel roi des Huns, et malgré cette colossale alliance celui-ci avait pénétré jusqu’au cœur de la Gaule. Mérovée, de concert avec Aétius, le vainquit dans les plaines de Châlons-sur-Marne ; près de trois cent mille Huns restèrent sur le champ de bataille et le reste battit en retraite.

Paris avait été préservé de l’invasion par la protection toute spéciale d’une jeune bergère venue de Nanterre dans cette ville après la mort de ses parents, et qui menait une vie si pieuse et si sainte qu’on la crut seule capable d’obtenir une sauvegarde par ses prières. Quand Attila parut, les Parisiens effrayés voulaient abandonner leur ville : Geneviève les retint en leur prophétisant que Paris serait épargné. La prédiction s’accomplit.

Dans une autre circonstance, alors que les Parisiens allaient être affligés d’une horrible disette, Geneviève les sauva en leur procurant des vivres. Dès ce moment la jeune vierge devint l’objet d’une vénération générale, et lorsqu’elle mourut, le 3 janvier 512, Paris, d’une voix unanime, voulut l’avoir pour sa patronne céleste, comme il l’avait eu de son vivant comme protectrice. On peut supposer à juste titre que cette noble et vertueuse figure de femme fut assez puissante pour effacer du souvenir des générations futures celui de la compagne qui partagea le trône du brave Mérovée.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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