LA FRANCE PITTORESQUE
Travaux et préceptes ruraux de décembre
(D’après De Re rustica de Palladius Rutilius, écrit vers le IVe siècle avant J.-C.)
Publié le vendredi 22 janvier 2010, par LA RÉDACTION
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Du blé, des fèves et du lin
Au mois de décembre, on sème les blés, le froment, l’adoreum et l’orge, quoiqu’il soit déjà tard pour semer ce dernier grain. On sème encore les fèves aux approches de la fête des Sept-Collines ; mais l’ensemencement ne vaut plus rien après le solstice d’hiver. On peut également semer, ce mois-ci, la graine de lin jusqu’au sept des ides de décembre.

Des labours, des bois à couper, des pieux, des échalas, de l’huile de laurier, de myrte, de lentisque, et du vin de myrte
Commencez à présent, mais après les ides, à façonner la terre, pour y planter des vignes. Il sera encore bon de couper le bois ce mois-ci. Fabriquez des pieux, des paniers et des échalas. Faites aussi, dans les pays froids, de l’huile de laurier ; broyez les baies de myrte et de lentisque pour en extraire l’huile, et donnez une nouvelle cuisson au vin de myrte.

Des jardins
Semez la laitue dans ce temps-ci pour la transplanter au mois de février. Dès à présent aussi vous pouvez semer l’ail ordinaire, l’ail d’Afrique, la ciboule, la moutarde et la sarriette.

Laurier. Planche extraite de Planches médicinales de Köhler paru en 1887

Laurier. Planche extraite de
Planches médicinales de Köhler
paru en 1887

Des hypomélides
Suivant Martialis, les hypomélides sont des fruits semblables à la corme. Ils viennent sur un arbre peu élevé, à fleurs blanches. Leur saveur est douce et piquante. Au mois de décembre, on les sème en noyaux dans des vases ; mais on les transplante au mois de février, lorsqu’ils ont acquis de la force et sont de la grosseur du pouce, pour les déposer dans une très petite fosse garnie de terre meuble et engraissée de fumier. Protégez cet arbrisseau contre les vents, qui le dessècheraient bientôt s’ils en frappaient les racines. Il s’accommode de tous les terrains. Il aime les lieux chauds, exposés au soleil et voisins de la mer, sou-vent même les rochers. Il redoute les climats froids. On ne peut le greffer. Il vit peu de temps. On en conserve les fruits dans des cruchons poissés, dans la sciure de peuplier, ou dans des marmites parmi des grappes de raisin, en les recouvrant de marc.

De la manière de confire les raves
Plongez à présent, pour les confire, dans de la moutarde détrempée avec du vinaigre, suivant l’usage, des raves coupées en menus morceaux, légèrement cuites et bien séchées un jour entier, afin qu’il n’y reste aucune humidité. Remplissez-en des vases, bouchez-les, et n’en tirez pour votre usage qu’après y avoir goûté au bout de quelques jours. Vous pourrez aussi faire la même chose aux mois de janvier et de novembre.

Des hérissons, des jambons, du lard, et des pièges pour les oiseaux
Ceux qui habitent les côtes feront aussi confire à présent, dans du sel, la chair des hérissons de mer, quand le cours de le lune favorisera cette opération, parce que c’est l’époque où cette planète fait grossir les animaux et les coquillages que la mer renferme dans son sein. Au reste, cette opération se fait comme de coutume. On peut la pratiquer également bien durant tout l’hiver. On fait aussi des jambons, et on sale le lard non seulement ce mois-ci, mais dans tous les mois où le froid est rigoureux. C’est maintenant qu’on dresse des pièges au milieu des taillis et des plants d’arbustes féconds en baies, pour y prendre les grives et les autres oiseaux. On les tend jusqu’au mois de mars.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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