LA FRANCE PITTORESQUE
13 janvier 1827 : mort du comte Lanjuinais
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Publié le jeudi 19 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Appelé à figurer dans toutes les grandes époques de la révolution française, Lanjuinais, comme on l’a dit avec vérité, en représentait la partie glorieuse, féconde et irréprochable. Sous tous les régimes, sa place fut marquée parmi les défenseurs de la liberté’ et des lumières ; son caractère ferme, ses principes sévères, son esprit juste lui assignèrent dans les temps d’effervescence le beau rôle de modérateur : le despotisme ne porta pas atteinte à sa dignité ; la restauration ouvrit une nouvelle carrière à ses vertus civiles.

Le courage dont il était doué se signala dans plusieurs occasions éclatantes, (voy. 17 Janvier, Condamnation de Louis XVI.) Sous les pistolets et les poignards, il s’opposa, le 8 février 1798, à ce qu’on rapportât le décret qui ordonnait des poursuites contre les auteurs des massacres de septembre. Le 2 juin de la même année, lorsqu’il s’élevait contre les usurpations de la Commune, et qu’il dénonçait le député Chabot, Legendre, un pistolet à la main, voulut l’arracher de la tribune ; pour éviter la distraction involontaire que la vue de l’arme pouvait lui causer, Lanjuinais ferma les yeux ; dès que l’arme eut été retirée, il reprit la parole avec le plus grand calme, en prononçant cette phrase célèbre, adressée au prêtre Chabot : On a vu, dans l’antiquité orner les victimes de fleurs et de bandelettes ; mais le prêtre qui les immolait ne les insultait pas !

Enveloppé dans la proscription des Girondins, Lanjuinais resta caché dix-huit mois à Rennes dans sa propre maison ; il ne dut la vie qu’au dévouement de son épouse et d’une servante, toutes les deux célébrées par Legouvé dans son poème du Mérite des femmes.

Nommé sénateur dès l’année 1800, il se déclara contre le consulat à vie et le gouvernement impérial. Nommé pair de France en 1814, les Cent jours le trouvèrent inébranlable ; sommé plusieurs fois de prêter serment à Napoléon, il s’y refusa toujours, les suffrages des électeurs de Paris le portèrent à la Chambre des représentons, et l’assemblée lui en déféra la présidence. Depuis 1815, Lanjuinais persévéra dans son opposition franche et loyale à toutes les mesures qui s’écartaient du système constitutionnel. Né à Rennes le 12 mars 1753, il avait soixante-quatorze ans lorsque la mort l’atteignit au milieu de ses travaux ordinaires. Ses longues veilles n’ont point été stériles ; parmi les ouvrages qu’il a laissés, on distingue celui qui a pour titre : Constitutions de la nation française, précédées d’un essai historique et politique sur la Charte. Lanjuinais a laissé quelque chose de plus précieux encore, le pariait modèle de l’homme et du citoyen.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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