LA FRANCE PITTORESQUE
12 janvier 1822 : constitution provisoire de la Grèce
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Publié le jeudi 19 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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12 janvier 1822 : constitution provisoire de la Grèce, promulguée à Epidaure. L’événement le plus grand, le plus célèbre, le plus généralement national de l’histoire contemporaine, celui qui éveilla le plus vite l’intérêt de tous les peuples, et le plus lentement la pitié des cabinets, celui que les trois premières puissances de l’Europe viennent enfin de consacrer et de garantir, en
 

L’événement le plus grand, le plus célèbre, le plus généralement national de l’histoire contemporaine, celui qui éveilla le plus vite l’intérêt de tous les peuples, et le plus lentement la pitié des cabinets, celui que les trois premières puissances de l’Europe viennent enfin de consacrer et de garantir, en combattant sous la même bannière à Navarin, l’affranchissement de la Grèce, date de sept ans : depuis sept ans la tranchée est ouverte devant une vieille et féroce tyrannie : le sang et les cadavres des martyrs de la liberté n’ont pas cessé de la remplir un seul instant.

La proclamation d’Alexandre Ypsilanti, de ce malheureux prince, qu’il est encore difficile de juger, et qui vient de mourir prisonnier à Vienne, sans avoir vu se terminer son ouvrage (voy. Ier Février 1828), sera pour nous le point de départ de cette révolution mémorable (voy. 7 Mars 1821) : c’est de là que nous jetterons un coup d’œil sur ses antécédens ; c’est là que nous en expliquerons non les causes, qui s’expliquent d’elles-mêmes, mais les circonstances occasionnelles.

Dans l’état de faiblesse et de dégradation où l’abrutissant despotisme des Turcs avait plongé la Grèce, le plus difficile pour ses chefs n’était pas de vaincre ; c’était, comme le dit un historien, de donner à cette guerre d’insurrection légitime un caractère que la civilisation européenne pût avouer. Telle fut la tâche imposée d’abord à la Gérousie ou sénat de Calamata, dans le sein duquel s’agitèrent les passions et les rivalités les plus violentes.

Après la prise de Tripolitza (voy. 5 Octobre 1821 ), le sénat hellénien vint siéger sur ses décombres ; mais la peste l’en chassa. La ville d’Argos fut indiquée comme rendez-vous aux diverses députations qu’on avait convoquées suivant le plan arrêté dès les premiers jours de la révolution, et d’après lequel la prise de Tripolitza devait être le signal de l’organisation de la Grèce. L’orage gronda fortement dans cette assemblée : les prétentions de chaque île et de chaque province y furent exagérées : on se sépara sans avoir pu s’entendre. « Colocotroni, et les autres chefs militaires, y tinrent un langage qui effraya les véritables patriotes. Dès ce moment les ennemis des Hellènes se réjouirent ; ils crurent que l’anarchie replongerait les Grecs sous le joug des barbares : ces espérances criminelles furent bientôt détruites. »

Dans le mois de décembre 1821 une nouvelle assemblée fut convoquée à Epidaure, sur le golfe Sfironique, d’où les communications étaient plus faciles avec tous les points de la Grèce. Le 27 de ce mois (15, vieux style), cinquante-neuf députés étant réunis, Néophyte, archevêque de Talante, ouvrit le congrès par une cérémonie religieuse. Une commission, présidée par le prince Maurocordato, s’occupa immédiatement de poser les bases de la constitution, et de rédiger l’acte d’indépendance.

La constitution, proclamée le 12 a janvier (1, vieux style), consacre l’égalité des droits, la tolérance religieuse, l’admission à toutes les places, la séparation du gouvernement en deux corps, un sénat législatif et un conseil exécutif, participant à la formation des lois, et l’indépendance du pouvoir judiciaire. Comme l’ancien directoire de France, le conseil exécutif est composé de cinq membres élus pour un an : il est inviolable en corps ; mais ses membres peuvent être accusés devant le sénat, et condamnés à la majorité des quatre cinquièmes des voix : il a d’ailleurs toutes les attributions données au pouvoir exécutif dans les républiques.

Les trente-trois députés du sénat législatif, pris en partie dans le sein du congrès national, désignèrent Démétrius-Ypsilanti pour leur président, et pour leur vice-président Sotiri-Charalainpi ; les membres du conseil exécutif furent Alexandre Maurocordato, président ; Alexandre Kanakarès de Patra, vice président ; Orlandos d’Hydra, Papaïanopoulos de Caritena, et Logotliétis de Livadie.

Sans doute la charte improvisée par laquelle on essayait de constituer la Grèce n’était pas exempte de défauts ; on pouvait douter qu’elle convînt également à un pays composé de peuplades si différentes de mœurs et de caractère, u Mais du moins les législateurs grecs avaient eu la prudence de ne pas détruire les gouvernements locaux, de laisser dans cet acte beaucoup de lacunes à remplir par des lois, et la sagesse de l’appeler Constitution provisoire. »

Quinze jours après la promulgation de l’acte constitutionnel, le Congrès publia l’acte de l’indépendance. (voy. 27 Janvier 1822.)

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