À la lumière de 50 ans de recherches archéologiques conduites sur les fortifications en Isère, le musée de l’Ancien Évêché à Grenoble propose d’aller à l’encontre d’un certain nombre d’idées reçues sur le château au Moyen Âge. Une exposition particulièrement destinée aux enfants.
Présenter une exposition sur l’histoire des châteaux en Isère n’est pas chose aisée. « On ne peut pas déplacer les pierres », s’amuse Sylvie Vincent, directrice du musée de l’Ancien évêché à Grenoble. D’autant que de très nombreux édifices ont disparu à travers le temps. Sur les 785 sites identifiés dans le département, seuls 180 subsistent. « Et ce sont parfois des ruines ou quelques amas de pierres », constate Anouk Clavier, archéologue et ancienne conservatrice du patrimoine au Département.
C’est sur son travail et celui d’autres spécialistes (notamment de Jean-Pierre Moyne) que le musée s’est appuyé pour bâtir cette exposition qui s’adresse particulièrement aux enfants. Grâce à un film immersif et six dispositifs répartis dans les salles. Mais que les adultes ne fuient pas car ils y trouveront aussi leur compte. « Le Moyen Âge c’est 1 000 ans d’histoire. Il s’en est donc passé des choses. À travers cette exposition, on rectifie certains mythes », précise Sylvie Vincent.
Affiche de l’exposition À l’assaut des châteaux forts : les archéologues racontent
Une présentation qui a un mérite avant tout : celui de nous interpeller sur le très riche passé médiéval isérois. Bressieux, Beauvoir-en-Royans, Saint-Quentin-Fallavier, Vienne, Charavines, Hières-sur-Amby, Chirens, Crémieu... On pourrait ainsi continuer la liste longtemps. « On présente le résultat de recherches qui ne sont pas encore abouties. Il manque encore beaucoup d’explications avec parfois un manque de datation », explique Sylvie Vincent. Bien des recherches restent à mener. C’est aussi ce qui fait aussi le charme de ce travail des archéologues. Au milieu de l’exposition, on découvre d’ailleurs leurs outils et leurs méthodes. Une section passionnante qui nous montre aussi l’évolution de ce métier.
Dans toutes les autres salles, on voyage dans le département à travers des sites historiques. « L’idée de cette exposition est aussi d’attiser le regard sur ce qu’il y a près de chez soi », estime Sylvie Vincent. Des sites fortifiés de hauteurs (comme celui de Larina à Hières-sur-Amby) à la motte, l’ancêtre du château (comme au Châtelard à Chirens), on se confronte à toutes les formes d’édifices qui ont été créés entre les Ve et XVIe siècle. Des évolutions qui se sont faites en fonction des moyens financiers mais aussi des guerres de territoire. Ce qui permet d’apprendre qu’entre 1282 et 1355 La Côte-Saint-André et Voiron étaient savoyards ! « Le territoire est bien loin de l’image unifiée que l’on connaît aujourd’hui », explique Anouk Clavier.
Château de Bressieux.
© Crédit photo : Emmanuel Breteau / Service du Patrimoine Culturel du département de l’Isère
L’archéologue qui raconte aussi, avec passion et émotion, la découverte des décors du châtel de Theys qui remonte au temps des Rois Maudits et renferme un trésor unique au monde qui lui a valu d’être classé au titre des monuments historiques. « Les décors peints sur fond bleu sont exceptionnels car rares. Habituellement ils sont plutôt en couleur ocre », précise Anouk Clavier. Ce qui permet aussi de comprendre qu’un château n’était pas seulement un édifice défensif mais aussi une résidence.
Renseignements pratiques
Exposition À l’assaut des châteaux forts : les archéologues racontent
Musée de l’Ancien Évêché — 2 rue Très-Cloîtres, 38000 Grenoble
Jusqu’au 21 septembre 2025
Site Internet : https://musees.isere.fr/node/11240?musee=14
Page Facebook : https://www.facebook.com/museeancieneveche/
Clément Berthet
Le Dauphiné
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