LA FRANCE PITTORESQUE
Maison médiévale remarquable
à Lodève (Hérault)
(Source : Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives))
Publié le samedi 25 mars 2023, par Redaction
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Située dans le centre urbain ancien de Lodève, une maison dont les origines remontent au XIIe siècle est étudiée par une archéologue spécialiste du bâti de l’Inrap en vue d’une prochaine valorisation
 

Un diagnostic de bâti a été mené à la fin de l’année 2022 suivant la prescription du de l’État (DRAC Occitanie) avant la réhabilitation d’un bâtiment du centre-ville, dans le cadre de la mise en valeur du patrimoine bâti engagé depuis plusieurs années par la municipalité.

Une maison médiévale inédite
Située 22 rue Neuve des Marchés, la maison prend place en bordure d’îlot, avec une façade sur rue et une autre sur la « Place aux herbes » localisée au débouché de plusieurs artères principales. Le bâtiment, dont le rez-de-chaussée ouvrait sur boutique, s’affiche dans la ville et bénéficie, par les larges ouvertures, d’une luminosité précieuse dans le parcellaire urbain étroit des villes médiévales. Le répertoire des ouvertures, ménagées successivement, reflète de façon ostentatoire les moyens du propriétaire de la maison.

Bâtiment après l'enlèvement des échafaudages, depuis le nord-est
Bâtiment après l’enlèvement des échafaudages, depuis le nord-est. © Crédit photo : Vincent Lauras, Inrap

Le bâtiment étudié est tronqué d’une moitié, a minima, de son emprise d’origine qui est estimée à 84 m2. De forme rectangulaire, la partie orientale étudiée concerne une portion de 7 m de longueur pour la façade sur rue et de 4 m sur le retour oriental en partie masqué par les parcelles limitrophes.

L’édifice d’origine, datable des XIIe-début XIIIe siècle, associe, sur une hauteur de 9 m au niveau de la rue actuelle, le rez-de-chaussée et un étage construits en pierres de taille. Au rez-de-chaussée, une grande baie à arc segmentaire ouvre sur la boutique tandis qu’une porte en plein cintre jouxtant la baie donne accès à l’étage, où le bâtiment est divisé en plusieurs espaces, mais dont seul celui délimité à l’est a été observé : d’une superficie de 28 m2, cette salle noble est éclairée en façade nord par deux baies géminées en plein cintre, clavées, les arcs reposant sur une colonnette aujourd’hui disparue, et, en façade orientale, par une baie mal conservée, restituée à l’identique de celles ouvertes au nord. Le cordon qui courrait sur l’ensemble de la façade nord, sous l’assise d’appui des baies, a été bûché, le décor qui l’ornait reste inconnu.

Cet étage fera l’objet d’une modification à l’époque médiévale : le second état est caractérisé par l’ouverture d’une nouvelle baie ménagée en façade orientale, d’une hauteur de 2,40 m et d’une largeur restituée de 1,52 m, et comportant un arc en plein cintre mouluré.

Les deux étages supérieurs sont constitués de pan de bois non porteurs attestés au travers des solives dont l’about a été scié, et par les piliers et les colonnes, supports tout à la fois des murs en retour du pan de bois et de la toiture. Le pan de bois inférieur a été conforté par plusieurs aisseliers ; leur utilisation soulage les maçonneries du poids que représentent les solives directement posées sur les murs, malgré la présence de sablière à l’arrière des maçonneries. La disposition du surplomb supérieur, par rapport à l’encorbellement du premier étage, n’est pas documentée et il est impossible de déterminer si les deux niveaux construits en pan de bois étaient alignés en façade ou disposés en surplomb successif.

Des aménagements jusqu’à l’époque moderne
L’époque moderne est caractérisée essentiellement par la reprise des ouvertures et la segmentation des niveaux intérieurs. Les baies sont mises au goût du jour avec de grandes ouvertures à meneau et croisée, un plafond est installé dans l’ancienne salle noble du premier niveau. Le tout aboutit à la création de quatre étages, l’espace d’habitation est transféré au troisième.

Grande baie ouverte dans le pignon oriental de la maison médiévale faisant l'objet d'une étude de bâti à Lodève
Grande baie ouverte dans le pignon oriental de la maison médiévale
faisant l’objet d’une étude de bâti à Lodève. © Crédit photo : Manuel Dudez, Inrap

Le bâtiment est alors divisé en deux parcelles, a minima. De provenance locale, le travertin, ou tuf calcaire, mis en œuvre dans les reprises de murs a été observé à la loupe par S. Fouché (Musée de Lodève). Certaines des feuilles visibles, bien qu’incomplètes, sont identifiées comme possiblement des feuilles d’orme (Ulmus), de ronces (Rubus), de vigne (Vitis), de chêne (Quercus), de pistachier de térébinthe (Pistacia terebinthus) et de lierre (Hedera helix).

Une étude dendrochronologique a été engagée, mais le faible nombre de cernes disponibles sur l’ensemble des bois échantillonnés, témoin de l’emploi exclusif d’arbres très jeunes, n’a pas permis de dater l’année d’abattage des arbres employés. Si une étude complémentaire est prescrite, des prélèvements sur les bois en place devraient être réalisés, afin de les soumettre à une datation par le radiocarbone, qui sera déterminante pour comprendre l’évolution du bâtiment et cerner la mise en place des niveaux en pan de bois.

Inrap
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