LA FRANCE PITTORESQUE
Léon Bonnat, peintre il y a cent ans
(Source : Musée Basque et de l’histoire de Bayonne)
Publié le mardi 20 septembre 2022, par Redaction
Imprimer cet article
L’année 2022 marque le centenaire de la mort de Léon Bonnat (1833-1922), figure tutélaire du musée des beaux-arts de la Ville de Bayonne, l’actuel musée Bonnat-Helleu. Le peintre légua pour sa cité natale une collection d’œuvres d’art parmi les plus estimées de France, comprenant un ensemble conséquent de ses peintures.
 

Présentée au Musée Basque, l’exposition retrace la riche carrière de Léon Bonnat, en montrant l’évolution de son style, la diversité de ses influences, et la pluralité de ses thématiques, de ses premiers succès de peintre d’histoire à ses portraits officiels célèbres, en passant par ses œuvres orientalistes, sa production paysagiste et ses grands décors.

Léon Bonnat doit être tenu pour l’un des plus importants peintres français de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe. Célèbre et célébré de son vivant, l’artiste a par la suite connu l’injuste désaveu frappant les tenants de la tradition classique, en opposition aux plus modernes de ses contemporains, de l’impressionnisme au cubisme. L’histoire de l’art a permis sa progressive réhabilitation, en soulignant la richesse de son langage artistique et l’importance de son enseignement académique.

Léon Bonnat. Autoportrait réalisé en 1855
Léon Bonnat. Autoportrait réalisé en 1855

L’exposition s’articule en huit sections réunissant quelque 83 œuvres majeures de collections publiques et privées. Originaire de Bayonne, Léon Bonnat s’établit avec sa famille à Madrid entre 1846 et 1853, suivant sa première formation auprès de José et Federico de Madrazo à la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando. Revenant en France, le jeune homme bénéficie d’une première aide financière de la ville de Bayonne pour partir en 1854 à Paris dans l’atelier de Léon Cogniet à l’École des Beaux-Arts. Ces séjours permettront au jeune artiste de forger son style vigoureusement réaliste, nourri par la tradition de la peinture française comme espagnole. En témoignent les premiers tableaux de Bonnat, qui s’oriente déjà vers ses deux genres de prédilection : les sujets historiques et le portrait.

Le jeune Bonnat ambitionne d’effectuer une honorable carrière de peintre d’histoire, en tentant de remporter le prestigieux Prix de Rome. Ses efforts seront compensés par l’octroi d’une nouvelle bourse bayonnaise qui lui permet de séjourner en Italie de 1858 à 1861. Ce voyage consacrera l’attrait de Bonnat pour les maîtres de la Renaissance comme du baroque et leur leçon formelle. Les amateurs apprécient notamment ses scènes pittoresques liées à la vie quotidienne du peuple italien où l’artiste puise dans les souvenirs heureux de son séjour à Rome et dans l’étude des maîtres.

Les décennies 1860-1870 voient Léon Bonnat progressivement s’imposer sur la scène artistique parisienne. L’artiste expose au Salon de grandes compositions religieuses frappantes par leur mélange de naturalisme et de théâtralité́, tout en s’inscrivant dans la tradition des maîtres du passé par leurs inflexions renaissantes et baroques. Il devient l’un des meilleurs peintres de sujets sacré à la fin du XIXe siècle. Puisant plus particulièrement dans le réalisme espagnol du XVIIe siècle, les compositions de l’artiste suscitent l’intérêt de la critique par leur style singulier et l’expression d’une foi sincère.

Accompagné de son ami Jean-Léon Gérôme, Bonnat voyage au début de l’année 1868 au Proche-Orient, du Caire à Beyrouth en passant par le Sinaï et Jérusalem, lui inspirant au retour une série de tableaux orientalistes. Les contacts avec les populations turques et arabes régénèrent son style et son inspiration : le langage classique de l’artiste se mue ainsi au contact de l’exotisme. Les sites impressionnants que découvre alors le peintre stimulent toute une production de paysages sur le motif.

Avant même d’embrasser une carrière officielle, Léon Bonnat s’illustre dans le portrait, en représentant notamment ses proches. Ce genre lui permet d’exploiter toutes les ressources véristes de son art, notamment à travers une série d’autoportraits où il décline son évolution physique, psychologique et sociale tout au long de sa carrière. Le succès public amène à Bonnat une clientèle fortunée désireuse de recourir à son talent. L’artiste place dans ces portraits autant d’ambitions formelles que dans sa peinture d’histoire, dans des formats monumentaux avec une attention au détail et une présence physique comme psychologique des modèles, affirmant leur statut social.

L’intérêt de Léon Bonnat pour les grandes compositions historiques ou allégoriques trouve son terrain d’expression privilégié dans les bâtiments publics parisiens dont l’artiste est chargé d’orner les murs et les plafonds. Du Panthéon à l’Hôtel de ville, Bonnat s’impose comme l’un des peintres décorateurs les plus doués de sa génération, à même de satisfaire l’ambition fastueuse des autorités. Ces immenses compositions puisent dans la culture visuelle de l’artiste, des grands décors de la Renaissance italienne aux réalisations françaises modernes. Bonnat aboutit à ces décors, à la fois savants et théâtraux, par toute une série d’esquisses rapidement exécutées dans lesquelles il recherche l’harmonie de la forme et de la couleur.

Victor Hugo. Peinture de Léon Bonnat (1879)
Victor Hugo. Peinture de Léon Bonnat (1879)

Au cours de la décennie 1870, Bonnat devient un portraitiste incontournable pour l’élite politique et culturelle française. Les hommes de pouvoir le sollicitent pour établir leurs images officielles, destinées à être exposées en public et abondamment reproduites. Ces effigies frappent par leur autorité et leur sobriété, qui restituent avec une puissance inégalée la vérité physique et psychologique des modèles. Les portraits de Bonnat constituent de véritables icônes de la France de la fin du XIXe siècle.

Nommé directeur de l’école des Beaux-Arts de Paris en 1905, Léon Bonnat enseigna durant toute sa carrière à de nombreux élèves français et étrangers, les accueillant également dans son atelier privé. Si des artistes européens, américains ou japonais se forment chez Bonnat, le maître reçoit aussi des jeunes talents originaires de Bayonne et du Pays Basque.

Le rôle de Bonnat s’avèrera essentiel pour l’émergence, à la fin du XIXe siècle, d’une véritable école picturale bayonnaise. La plupart de ces artistes s’illustreront à leurs débuts dans des sujets historiques. Ils prendront toutefois une voie singulière, sans renier l’héritage du maître : ainsi Marie Garay, seule femme de ce groupe, très attachée à l’identité culturelle de sa région natale.

Renseignements pratiques
Musée Basque et de l’histoire de Bayonne — 37 quai des Corsaires — 64100 Bayonne
Jusqu’au 31 décembre 2022
Site Internet : http://www.musee-basque.com
Page Facebook : https://www.facebook.com/museebasque.euskalmuseoa.bayonne.baiona/

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE