LA FRANCE PITTORESQUE
Livre en France
(À quand remonte le plus vieux) ?
(Source : France Inter)
Publié le samedi 5 novembre 2022, par Redaction
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Le tout premier livre imprimé en France date de 1470, vingt ans après l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. Son impression est d’autant plus symbolique que l’ouvrage s’adressait au domaine scolaire, aux étudiants de l’Université de Paris pour améliorer leur latin.
 

Si la naissance du premier livre imprimé en France remonte à l’époque de l’importation des techniques de l’imprimerie de Gutenberg en France dans les années 1470, les premiers livres manuscrits et reliés remontent au début du Moyen Âge. En effet, comme l’affirme Laurence Engel, présidente de la Bibliothèque nationale de France, tout « dépend ce qu’on entend par livre. Si on pense à un ouvrage imprimé, on sait le dire, son invention intervient après l’invention de l’imprimerie par Gutenberg, au XVe siècle. On sait très précisément dire quand a été publié, imprimé le plus ancien livre en France. C’est en 1470. C’est un livre qui servait aux élèves pour améliorer leur latin, un livre de cours conservé à la Bibliothèque Nationale de France ».

L’auteur du premier livre imprimé en France est italien
Ce sont des imprimeurs allemands qui sont venus imprimer un livre scolaire écrit par un penseur humaniste italien du XVe siècle, Barzizza, un recueil de lettres latines (Epistolae, précédant d’une année son Orthographia) qui s’adresse en premier lieu aux étudiants parisiens de la Sorbonne. Cet ouvrage, comme ceux qui le succéderont, sont ce qu’on appelle des « incunables », des livres imprimés dans l’Occident médiéval avant le XVIe siècle, qui favorisent l’esprit des sciences humaines, avec des thématiques principalement consacrées à la religion et la nature.

Page extraite de De Civitate Dei (La Cité de Dieu), œuvre de saint Augustin traduite par Raoul de Presles, incunable de 1486 imprimé par Jean Dupré
Page extraite de De Civitate Dei (La Cité de Dieu), œuvre de saint Augustin
traduite par Raoul de Presles, incunable de 1486 imprimé par Jean Dupré

Rappelons que le premier ouvrage imprimé de l’histoire est la Bible. Imprimée 20 ans plus tôt en 1455 par l’inventeur de l’imprimerie lui-même, Johannes Gutenberg. C’était en Allemagne, à l’époque du Saint-Empire romain germanique.

Les premiers livres écrits reliés remontent au Moyen Âge
Si le livre, tel qu’on le conçoit physiquement, est le livre imprimé, la directrice de la Bibliothèque nationale de France ne manque pas de rappeler qu’avant les livres imprimés, il existait déjà des livres écrits à la main, reliés, avec des pages qu’on tourne exactement de la même manière qu’actuellement, avec différents récits et textes reproduits à la main. C’est la raison pour laquelle on parle, avant l’imprimerie, de livres manuscrits, copiés à la main par des copistes professionnels, par des moines, des religieux, qui seuls avaient le monopole du savoir et de la connaissance.

Par contre, on ne peut pas dater, cette fois, le premier livre manuscrit, tout simplement parce que plusieurs ont été écrits dans plusieurs endroits à peu près en même temps, et on ne saurait pas déterminer celui qui serait le plus ancien. On commence à copier assez massivement des ouvrages à partir du VIIe siècle.

Pas de livres sans écriture(s) !
Il est important aussi de rappeler qu’on ne peut pas comprendre l’histoire du livre manuscrit et imprimé sans la lier à l’histoire de l’écriture, dont l’invention remonte au IVe millénaire av. J.-C. Puisque c’est bien l’écriture qui marque le début de l’Histoire. C’est un préalable historique que l’historienne ne manque pas de rappeler en conclusion de sa réponse : « L’écriture et la lecture existent bien avant qu’on ait des livres ! L’histoire de la bibliothèque et celle du livre, c’est avant tout l’histoire de la transmission. On n’écrit jamais pour soi, on écrit avant tout pour que quelqu’un nous lise, quel que soit le support qu’on utilise, la raison d’existence du livre remonte à l’écriture ».

Une petite histoire de l’écriture
Rappelons que les toutes premières formes d’écriture reposaient sur des pictogrammes (des représentations schématiques de la vie) dont les premiers supports ont été des matières naturelles (feuilles d’arbres, des écorces, des planches de bois). Pensons à l’écriture des Sumériens ou les hiéroglyphes égyptiens, inscrite sur pierre, support en vogue jusqu’à l’Antiquité.

Les premières formes d’écriture proches de l’alphabet, tel que nous l’utilisons aujourd’hui, marquent le début de l’Antiquité. Aux matériaux primaires s’imposent le papier d’Égypte (le Papyrus), conçu à partir des rubans ligneux extraits de la tige du roseau du même nom, qui poussait abondamment sur les bords du Nil. Le Papyrus se retrouve ensuite largement concurrencé par un support plus durable, le parchemin, beaucoup plus précieux et privilégié des cercles du pouvoir. Ce sont des membranes extraites de peaux animales (mouton, brebis...).

Page extraite du Kalendrier des bergiers, incunable de 1493 imprimé par Guy Marchant
Page extraite du Kalendrier des bergiers, incunable de 1493 imprimé par Guy Marchant

Les méthodes de reliure étant encore très rudimentaires jusqu’au Moyen Âge, les deux supports sont systématiquement roulés en cylindre. Il faut attendre les IVe-Ve siècles pour que la reliure se généralise via les Codex, les premiers livres pliés et reliés par un lien en cuir. Ce sont en quelque sorte les premiers livres manuscrits, écrits à la main reliés et qui précèdent de nombreux siècles les livres imprimés.

Vient enfin l’ancêtre direct du papier moderne : le papier chiffon à base de toile, de chanvre, de lin, de coton, l’ensemble étant souvent mélangé, broyé et bouillis d’après des techniques inspirées par le savoir-faire chinois, pour la fabrication du premier papier en France entre le XIIe-XIVe siècles.

Jimmy Bourquin
France Inter

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